oup de froid sur le vignoble. Identifié depuis la fin de semaine dernière, le risque de gel radiatif se précise. « Il y a un moment délicat ce mercredi en dessous de la Loire, il faut être vigilant » prévient Emmanuel Buisson, directeur de la recherche et de l’innovation chez Weenat. Faisant état d’un risque de refroidissement thermique nocturne dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 avril, le climatologue rapporte une température de 0,1°C sous abri : « ça veut dire que cela va flirter avec les gelées en Charentes, Bordelais… Mais aussi dans des zones de Bourgogne, de Vallée du Rhône et de Provence (arrière-pays aixois et varois). » Ainsi qu’en Champagne. « On est ric-rac. Globalement, les pinot noir et meunier n’ont pas débourré. Le chardonnay est très proche du débourrement » explique Basile Pauthier, agroclimatologue pour le Conseil Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), qui a déjà lancé une alerte pour les vignobles luttant contre le gel : « les situations sont très variables. Pour l’instant le vignoble n’est pas ultra-sensible, mais il y a un risque. »
Croisement d’une météo gélive, dépendant ici de la couverture nuageuse (et de la topographie des parcelles), et de la sensibilité des végétaux, selon le stade d’avancement phénologique des vignes (précocité des cépages, moment de taille, aléas climatique passé…), le risque de gelée est particulièrement variable. Dans le Sud-Est, « on suit le risque de de près, on espère passer à côté » comme les vignes ne débourrent pas indique Clémence Boutfol, conseillère viticole à la Chambre d’Agriculture du Var, qui note qu’en Provence « très peu de personnes sont équipées pour lutter contre le gel ». En Charentes, « il y a très peu de vignes débourrées et pas trop de risque à part les cépages précoces et les jeunes vignes » indique Didier Bureau, le président de la Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole des viticulteurs de Cognac (CUMA Viti Cognac), qui note que mercredi « ça va geler : il y a un risque, sauf si cela se couvre dans la nuit. Des gens vont mettre en route des tours antigel. »
Dans les zones sensibles de Bordeaux, on est clairement mobilisés. « Les sondes vont sonner, je commence déjà à ne plus dormir » rapporte Romain Garrigue, à la tête du château le loup (6,5 hectares en appellation Saint-Émilion). Avec -1°C annoncé, le vigneron note que son vignoble est à des stades très variés : « il y a de tout : bourre, pointe rose, pointe verte, feuilles étalées sur merlot et cabernet… » Résultat, tout le monde est en alerte chez lui pour installer paille, brasero et deux éoliennes. Pour se rassurer, le Romain Garrigue se dit que la situation météo est « moins dangereuse que l’an passé. La vigne est moins poussée et les températures sont moins froides » alors qu’avec quatre nuits de lutte active en 2022 son vignoble avait tenu le coup.
Bonne nouvelle, « après jeudi, le froid s’évacue » rassure Emmanuel Buisson.