es fabricants de biostimulants utilisent des acides aminés libres, des extraits d’algues, ou des acides humiques. Bioboon Agrology combine les trois, en y ajoutant des enzymes qu’elle fait fermenter pendant 45 jours selon une technologie développée avec des scientifiques japonais et malaisiens.
« Nos produits nous permettent d’augmenter de 25 % le rendement du blé et de doubler celui du cacao » annonce Laurent Dumortier, président de la start-up arrivée en France il y a 3 ans pour travailler sur de nouvelles cultures comme la vigne.
En 2020, son passage par l’incubateur de Bernard Magrez lui ouvre les portes du domaine Tariquet (Armagnac et Côtes de Gascogne, Gers). « Le domaine nous a laissé 2 hectares sur lesquels nous avons réussi à maintenir de bons niveaux d’acidité malgré la chaleur » se rappelle Laurent Dumortier. En 2021, millésime bien plus humide, c’est sur 66 ha que la gamme de biostimulants et éliciteurs de Bioboon fait ses preuves, « avec une diminution de 40 % des attaques de mildiou ».
L’année dernière, le domaine Tariquet demande à Bioboon de reformuler tous ses correcteurs de carences en phosphore, en potasse, en bore, ou en zinc, pour qu’ils ne laissent plus de traces dans les vins. « Nous avons réussi. Si bien que cette année le domaine a décidé de travailler avec nous sur l’ensemble de son vignoble » se félicite Laurent Dumortier, qui doit désormais produire une centaine de tonnes de produits, « six fois plus que l’an passé ».
A l’étroit dans ses locaux de Mios (Gironde), la start-up bordelaise et ses 5 employés vont déménager sur un site de dix hectares, toujours en Gironde. « L’objectif est surtout d’avoir de la place pour démultiplier nos essais » explique le président. Bioboon n'a pas besoin de beaucoup d'espace pour produire. Elle ne fabriquera que ce qu’elle vendra en direct à Bordeaux. « Nous sommes en train de monter un réseau de licenciés dans les autres régions, dévoile Laurent Dumortier, qui doit recruter un directeur commercial pour l’animer. Ces licenciés auront nos recettes et trouveront 70 % de leurs ingrédients en local, comme l’acide humique, que l’on va souvent chercher dans de la léonardite en Inde en passant par 6 ou 7 intermédiaires alors que l’on peut simplement en trouver dans l’urine de vers de terre. Nous leur enverrons le reste ».


En préférant les circuits courts « aux cascades de marges », Bioboon entend rendre sa gamme accessible à tous les agriculteurs. « Tariquet a fait 20 % d’économies sur ses intrants en adoptant notre programme de nutrition et de protection de la vigne » illustre au passage Laurent Dumortier.
Cette gamme se compose pour l’heure de plusieurs biostimulants améliorant la tolérance aux stress biotiques et abiotiques, de correcteurs de carence, et de produits de biocontrôle composés de substances de base, comme l’hydrochlorure de chitosan, qui stimulent les défenses naturelles de la vigne contre le mildiou et autres attaques fongiques.
Se disant déjà armée contre la sécheresse et les coups de chaud, la start-up travaille désormais sur un produit antigel efficace jusqu'à -4°C. « L’objectif est d’assécher la plante pendant une courte période pour éviter les dégâts liés à la glaciation de sève et à l’éclatement cellulaire, et de l’isoler thermiquement pendant 48 heures » indique Laurent Dumortier.