eux halls, deux ambiances au parc des expositions de Düsseldorf du 19 au 21 mars : peu de passage et de décibels dans le hall 10, où l’on trouve essentiellement les pavillons des régions et interprofessions vinicoles, des allées plus remplies et actives dans le hall 9, où se concentrent les marques et négoces français, ainsi que le "Champagne lounge". « C’est un très bon salon, on reçoit beaucoup de monde et on manque de cartes de visite ! » se réjouit l’agent commercial d’un champagne de vignerons. Tournant parfois à la soupe à la grimace, le bilan est moins réjouissant dans certaines allées des vins français, où l’on entend dépit et prédiction : malchanceux depuis le covid jusqu’à la grève actuelle*, ProWein battrait définitivement de l’aile face à Wine Paris & Vinexpo Paris. Une vision très autocentrée, d’autres halls n’ayant pas désempli (des vins d’Allemagne à ceux du Nouveau-Monde).
Parmi les exposants rencontrés ce dernier jour de salon, les plus satisfaits possèdent soit des appellations recherchées (Champagne donc, mais aussi Sancerre, Chablis...), soit un agenda chargé de rendez-vous. « Un salon qui est bien préparé est efficace, un salon qui n’est pas bien préparé est de plus en plus compliqué. Les visiteurs prennent de plus en plus de rendez-vous à l’avance » partage le négociant languedocien Gérard Bertrand, qui se déclare satisfait d’avoir rencontré d’autres clients à Düsseldorf qu’à Paris : « il y a une compétition entre les deux salons, mais il y a de la place pour tout le monde. Pour le moment, on travaille bien sur les deux salons. Je ne peux pas dire pour l’année à venir… Les salons doivent travailler à l’avenir sur leurs dynamiques pour attirer les visiteurs. » L’un des enjeux de 2024 sera de gérer le rapprochement calendaire entre Wine Paris (12-14 février) et ProWein (10-12 mars).


Si la guerre des salons continue, c’est un marathon d’évènements qui pèse sur les opérateurs en quête de marchés. Avec une mobilisation budgétaire croissante, alors que le retour sur investissement est toujours ardu à assurer et mesurer. « Je ne peux pas dire à chaud si notre participation au salon est réussie. C’est à voir après, mais je suis très optimiste. Ce n’était pas la grande foule dans les allées, mais il suffit d’un contact » explique Rose-Marie Étienne, commerciale export pour l’Europe et l’Afrique des vignerons réunis de Monségur (Gironde). « Ce n’est pas tout d’avoir du passage, il faut du business. Notre retour est globalement positif » ajoute Valérie Gosselin Conche, la directrice commerciale de la cave coopérative de l’Entre-deux-Mers.
La question d’un arbitrage entre ProWein et Wine Paris ne se pose pas pour Jérôme Delord, à la tête des armagnacs Delord frères : « on a reçu beaucoup d’export que l’on n’a pas vu à Paris. C’est sûr que l’on va cumuler les deux. » Partageant le même stand, Julien Jolly, directeur export des champagnes Pannier, ajoute qu’« entre paris et Dusseldorf on réussit à avoir des carnets de rendez-vous complets et différents. Il y a plus de grand export à Prowein, avec des acheteurs asiatiques et américains. » Si certains ne doutent pas de la complémentarité des deux évènements rapprochés dans le temps, la question reste posée pour d’autres alors que le nombre d’exposants français diminue ces dernières années (de 1 300 en 2019 à 947 cette année).
Et il est probable que l’on enregistre une nouvelle baisse des stands hexagonaux l’an prochain indique Antoine Couillabin, responsable de l'export des Vins & Spiritueux pour la région Pays de la Loire, qui enregistre une baisse de 30 % de ses exposants sur le pavillon collectif des vins de Loire cette édition. Soulignant une belle édition, Fabienne Vatai, chargée de mission pour l’agence Dev’up (au service des vins du Centre-Loire), note que s’il y a moins d’exposants, « ils sont plus dans le profil de Prowein : ce sont vraiment des exportateurs. Parfois, on accompagnait des gens qui étaient moins prêts. »
Laissant ouvert le match des salons internationaux, cette saison des évènements commerciaux confirme le positionnement de référence internationale de ProWein. Un statut que Wine Paris compte consolider avec un portefeuille de vins moins français et plus international.
* : Le salon allemand enchaîne les coups du sort, avec deux années blanches (en 2020 et 2021), un report (de mars à mai en 2022) et une grève des transports publics (en 2023).
Le Champagne Lounge est resté actif pendant une grande partie du salon, bénéficiant de son positionnement à l’entrée Nord du parc des expositions.