ans le combat commercial des vins français, « plus vite et plus fort nous réglerons les difficultés avec des mesures de recalibrage pour circonscrire ce qui est fragilisé, plus vite on renforcera l’export et on partira à la conquête de parts de marché. Et moins on aura perdu de soldats au bord de la route » pose Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants. Venant du négoce et des exportateurs, « j’entends une distinction faite entre le conjoncturel, qui serait de court-terme, et le structurel, qui serait de moyen/long-terme. Il y a concomitamment besoin des deux. On ne peut imaginer l’un sans l’autre. Ce serait une erreur, et une faute professionnelle, qui condamnerait de manière profonde nos performances futures. Ne pas régler la réalité des difficultés fragilisera la filière. »
Unanimement partagée par la production (pas de distillation sans arrachage), cette position est bien enregistrée par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau : « je n’ai pas entendu autre chose dans la filière que la volonté de gérer immédiatement la crise et de se projeter dans l’avenir ». En somme, « le court-terme est au service du long-terme » résume Jean-Marie Fabre, qui confirme le besoin d’agir concert sur les deux leviers de réduction des stocks et des surfaces excédentaires pour avoir un impact structurel suffisant. « Il faut que l’on ait très rapidement des éléments au service consolidation durable de la filière, avec un recalibrage volumique (par la distillation) et un recalibrage des surfaces en production (par l’arrachage). C’est notre responsabilité professionnelle d’offrir des solutions claires à ceux qui souffrent aujourd’hui, avec des outils de recalibrage arrivant vite et fort. »


En parallèle de ce plan de rééquilibrage entre offre et demande, le président des Vignerons Indépendants demande un soutien immédiatement renforcé à l’export, dans le cadre d’un plan collectif. « Pas dans second temps : immédiatement » souligne Jean-Marie Fabre : « il faut de la concomitance. Il faut un recalibrage pour assainir la filière vin et développer son export dans un même temps pour consolider ses ambitions. On ne peut pas attendre de gérer le court-terme pour se projeter. En faisant l’un, on renforce la performance et la stabilité de la filière. Ce ne sont pas deux ambitions, mais une même stratégie reposant sur deux piliers. » Pour symboliser cet élan, Jean-Marie Fabre plaide pour une grande cause nationale économique du vin : « l’avenir du secteur passe et passera par l’export ». Alors que la filière tend actuellement à performer en valeur (avec des chiffres d’affaires records) mais pas en volumes (en repli), l’enjeu est de prendre des parts de marché avec une ambition volumique pour le vigneron de Fitou : « il faut que la France prenne la plus grande part du gâteau des nouveaux marchés ».
Indiquant que la grande cause nationale n’est pas un slogan, Jean-Marie Fabre demande l’accompagnements des entreprises sur l’investissement à l’export (en sollicitant les aides européennes à la promotion sur les pays tiers qui ne sont pas consommées intégralement) et le soutien complet de la diplomatie française (avec des fonds du commerce extérieur et du budget de l’agriculture). « Il faut susciter l’envie et l’intérêt des consommateurs internationaux » poursuit Jean-Marie Fabre, notant que le renforcement et le développement des parts de marché seront réalisés par tous les opérateurs. « Le salon Wine Paris & Vinexpo Paris confirme que les acheteurs demandent des marques internationales fortes et des vins différenciants provenant de TPE/PME sur le modèle des vignerons indépendants. C’est la complémentarité de la myriade de fantassins au cœur des territoires » conclut-il.