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Un pôle réemploi pour les bouteilles des vins de France
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Retour à l’embouteilleur
Un pôle réemploi pour les bouteilles des vins de France

10 opérateurs locaux des bouteilles consignées s’unissent pour convaincre les vignerons de faire appel à leur réseau de national de collecte, de nettoyage et de remise en marché pour en finir avec l’usage unique des emballages.
Par Alexandre Abellan Le 31 janvier 2023
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Un pôle réemploi pour les bouteilles des vins de France
Un réseau pour les trouver, un réseau pour les amener toutes et dans centres de lavage donner une nouvelle vie aux bouteilles. - crédit photo : Alexandre Abellan
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éunissant dix acteurs régionaux du réemploi de bouteilles* pour harmoniser et mutualiser leurs pratiques, le réseau France Consigne ne manque pas de grandes ambitions et de bonnes intentions. Avec rien de moins que la volonté de marquer un tournant dans la gestion nationale des emballages de verre avec la fin de l’usage unique en ligne de mire. Officialisé ce 30 janvier à l’occasion du salon Millésime Bio (Montpellier), le réseau affirme « un objectif : que le réemploi soit le sujet de 2023 » pose Clémence Richeux, la coordinatrice de Ma Bouteille S’appelle Reviens (Drôme). Sujet montant en 2022, entre défi écologique pour réduire l’empreinte carbone et enjeux économiques face aux tensions inédites sur les approvisionnements, le réemploi des bouteilles deviendrait incontournable en 2023 pour le réseau France Consigne, qui évoque quatre arguments devant convaincre la filière vin pour adopter ses modèles standards promettant un réemploi au plus proche des lieux de consommation.


La première raison est l’anticipation réglementaire, avec la mise en conformité avec la loi du 10 février 2020 contre le gaspillage et pour l'économie circulaire (loi AGEC), qui fixe un objectif de réemploi des emballages à 5 % en 2023 et 10 % en 2027. Le deuxième motif est la réduction des tensions sur les bouteilles, avec une stabilisation des prix et de l’approvisionnement. La troisième raison pour le réemploi tient à la réduction des déchets et à un impact environnemental positif par rapport au recyclage. Le dernier argument est la mise à profit d’aides de l’éco-organisme Citeo pour développer le réemploi (50 millions € en 2023).

1,4 million de bouteilles réemployées

Avec 700 points de collecte sur le territoire national, France Consigne a permis le réemploi de 1,4 million de bouteilles d’eau, de lait, de jus de fruit, de sodas, de bières… et de vin en 2022. « C’est très faible » pointe Clémence Richeux, qui n’a pas de chiffres précis de la consommation de bouteilles de verre en France, mais donne l’ordre de grandeur d’un milliard de bouteilles en France. Pour atteindre un objectif de 10 % de réemploi, de l’ordre de 100 millions de cols, les 10 opérateurs de France Consigne prévoient d’accueillir de nouveaux membres et d’augmenter leurs activités harmonisées, la standardisation permettant l’interchangeabilité.

« Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche d’industrialisation » explique Clémence Richeux, qui évoque des investissements dans trois nouveaux centres de lavage en 2023 (pour Bout à Bout, Oc Consigne et Haut la Consigne). Ce qui portera le parc lavage de France Consigne à 5 unités. « Ce n’est plus l’époque des vieilles laveuses que certains vignerons avaient il y a vingt ans. Nos process sont efficaces et hygiéniques » pointe Clémence Richeux (disposant d’une laveuse tournant à 3 500 bouteilles/heure en démarche HACCP).

Le jetable, c’est fini

Porté par le manque de bouteilles en verre et la flambée des prix, l’intérêt pour le réemploi ne va pas cesser de sitôt selon Anne-Claire Degail, la présidente d’Oc’Consigne (Hérault). « Aujourd’hui le contexte économique lié à l’énergie est un coup d’accélérateur, mais il n’y aura pas de retour en arrière » indique Marie Robin, chargée de projet La Consigne de Provence (Var), ajoutant que « le verre représente 46 % de l’empreinte carbone d’un vin. Ce n’est plus possible. Le jetable, c’est fini. Comme la vaisselle sale à la fin du repas, on ne la jette pas, on la lave. » Un crantage que Clémence Richeux aimerait voir soutenu par la loi : que le niveau de consigne de 10 % en 2027 soit par exemple assorti de contraintes. Car « on ne va pas se mentir, le réemploi nécessite un effort : il faut changer les pratiques » note la membre de France Consigne.

Parmi les freins à lever, on en trouve autant dans l’approvisionnement (les verriers n’indiquent sur leurs fiches techniques la réemployabilité de leurs bouteilles) que l’adoption par les producteurs (la standardisation des bouteilles imposant de concentrer le marketing différenciant sur les étiquettes). Ayant désormais 18 mois d’expérience dans la consigne, Carole Frelin, la responsable développement du négoce languedocien Jacques Frelin Vignobles, souligne la facilité du réemploi, une foi que le processus est mis en place (avec une bouteille standard, une étiquette adaptée…). Devenu le premier metteur en marché de bouteilles consignées, le négociant enregistre un surcoût de 10 à 11 centimes d’euros par bouteille réemployé en comparaison avec une bouteille légère.

Réemploi d’avenir

Misant sur le développement du réemploi, France Consigne se pose en complément au tri du verre. Si ce dernier atteint 88 % des emballages en France, le taux de retour des bouteilles réemployées est plutôt de 30 % pour un taux de retour classique indique Clémence Richeux, qui évoque cependant des performances allant jusqu’à 80 % dans certains points de collecte (notamment les magasins spécialisés Biocoop). Estimant qu’une bouteille de vin peut être réemployée 20 à 30 fois en théorie, Marie Robin souligne que les contrôles qualité permettent de mesurer les traces d’usure, et de donner aux embouteilleurs la possibilité de fixer leurs seuils d’acceptabilité et de rejet selon le rodage mesuré.

Devant concrétiser ses ambitions nationales, France Consigne indique avoir de premiers contacts avec l’association européenne New Reused Alliance pour envisager un réseau international. « On rêve que dans deux à trois ans il existe un marché européen du réemploi. Europe Consigne » évoque Clémence Richeux. Et d’autres travaux seront aussi à mener sur les vins effervescents, comme les champagnes, la solution actuelle se concentrant sur les vins tranquilles.

 

 

* : Soit Alpes Consignes, Bout à Bout, Consign’Up, Haut la Consigne, J’aime mes bouteilles, La Consigne de Provence, L’Incassable, Ma Bouteille S’appelle Reviens, Oc’Consigne et Rebooteille.

 

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