Nous remettons au goût du jour la tournée du laitier ! » résume Louise Motte, la responsable marketing du Fourgon. Créée en avril 2021 dans le Nord, la start-up livre à domicile une caisse de bouteilles consignées de lait, sodas, jus de fruit, bières, vins, etc. Cette caisse récupérée à la demande, lors d’une nouvelle livraison ou non, avec le remboursement des 5 € de consigne pour 12 bouteilles, qui sont nettoyées et vérifiées dans leur solidité par des prestataires spécialisés avant de pouvoir être réemployées par les producteurs de boissons. Soit une offre « simple et sans contrainte. Tout le monde veut faire un geste pour la planète, mais on a perdu l’habitude de la consigne » note Louise Motte. L’objectif étant de réduire l’effort demandé par un changement d’habitudes (conserver les bouteilles consommées à domicile, ne pas les oublier bouteilles pour les ramener en magasin…).
Présent dans les métropoles de Lille, Dunkerque, Lens, Amiens, Valenciennes, Angers, Rennes, Lyon et Strasbourg, le réseau Le Fourgon a des projets pour Bordeaux et Toulouse. Une augmentation de son réseau, et de son offre de vin, actuellement composée de 80 références (60 disponibles nationalement et 20 localement). Séduit par un « concept complet, comme le système de brasseur à l’ancienne qui livre et récupère en même temps », le vigneron angevin Joffrey Desgrousilliers y propose les vins du domaine du Moulin de l'Horizon (32 hectares à Saumur, pour 70 % de production en fines bulles*). Réfléchissant déjà l’écoconception de ses bouteilles (allégement, étiquettes simplifiées sans dorure, gamme effervescente sans coiffe en aluminium…), le vigneron n’a eu qu’à opter pour une colle hydrosoluble pour ses étiquettes (afin de faciliter le nettoyage).
La plus grosse surprise pour Joffrey Desgrousilliers reste l’efficacité du réseau de nettoyage : « déjà construit et efficace » indique-t-il (faisant appel à l’association nantaise Bout’ à Bout’). « Ce réemploi citadin ne résout pas tout. Il y aura toujours un blocage pour l’export, mais la consigne est un point à réfléchir pour améliorer notre empreinte environnementale » souligne-t-il, indiquant qu’il faut élargir la question de l’écoconception. Ayant vu ses clients professionnels jeter tous les cartons des bouteilles qu’il venait de livrer, le vigneron a ainsi mis en place une incitation financière pour qu’ils les ramènent et les réutilisent. Un geste écologique autant qu’économique face à la flambée des coûts des matières sèches. Si la conjoncture inflationniste alimente les initiatives de consigne, le vigneron ne pense pas que le phénomène soit temporaire : « de gros opérateurs s’y essaient avec des investissements conséquents. Comme des lieux de stockage de palettes de bouteilles vides… Ce qui était inconcevable il y a quelques mois. »
Prenant de l’ampleur, l’activité du Fourgon a permis de réemployer 2 millions de bouteilles pour 15 000 clients en 18 mois d’activité note Louise Motte. Avec plus 20 000 bouteilles de vin réemployées (le cap des 30 000 doit être atteint fin novembre).
* : S’il est possible de réutiliser les bouteilles de vins tranquilles une fois nettoyées et vérifiées, il n’en est pas de même pour les bouteilles de crémants de Loire. « Il y a un risque d’explosion des bouteilles, et un risque de bouteilles gerbeuses » indique Joffrey Desgrousilliers, rappelant que le verre a subi de fortes pressions (7 à 8 bars). Les bouteilles champenoises seront réemployées pour des bière, cidres et jus de raisin.