our la première de ses quatre prévisions de récolte, l’organisme professionnel sud-africain Vinpro, en collaboration avec Sawis, estime que la production devrait s’inscrire en légère baisse l’an prochain par rapport à 2022. Se basant sur les retours de conseillers viticoles et de producteurs, Vinpro pointe une saison « saine mais sèche ». Conrad Schutte, responsable de l’équipe de conseillers viticoles, explique : « À ce stade très précoce, la diminution nette prévue est principalement attribuée à tous nos vignobles qui ont connu une saison plus sèche, à l'exception du Cap Nord qui a connu ses propres conditions environnementales difficiles pendant et après la récolte. Une mauvaise floraison et nouaison dans diverses régions, ainsi que des arrachages, ont également contribué à la diminution de notre estimation pour la récolte de 2023 ».
Si les zones non irriguées sont forcément les plus impactées, celles qui pratiquent l’irrigation de manière intense – à l’instar du Klein Karoo et de Robertson – ont été touchées par des problèmes d’alimentation électrique. « Les délestages ont provoqué d’énormes difficultés, obligeant à modifier les régimes d’irrigation en fonction des disponibilités électriques », note Conrad Schutte, qui précise par ailleurs que, « si la saison s’annonce prometteuse, beaucoup de choses peuvent encore changer d’ici la récolte ».
Sur le plan de la commercialisation, l’Afrique du Sud a pu amplement tirer profit de la pénurie de sauvignon blanc en Nouvelle-Zélande pour faire évoluer sa tarification et s’implanter sur de nouveaux marchés. « Les prix de nos sauvignons blancs sont montés en flèche, même si nous avons dû rester réalistes », explique Ben Jordann, directeur des opérations au sein de la société sud-africaine Cape Wine Exporters, qui commercialise 150 000 hl en vrac et 1,5 millions de caisses de vins conditionnés. Se félicitant de la possibilité offerte pour « mettre en exergue la multiplicité de profils de vins que nous pouvons proposer », il reconnaît que cette forte demande commence à s’essouffler, sous le double effet du retour de la Nouvelle-Zélande et de l’inflation des coûts.
« On sent que la demande est encore là, mais il y a un ralentissement, principalement lié à l’inflation. Nous avons dû augmenter nos tarifs en raison de la hausse des prix des matières sèches. Les clients restent fidèles à une marque, mais jusqu’à un certain point ». Comme partout ailleurs, l’Afrique du Sud subit la forte augmentation des coûts énergétiques, « qui ont fait un bond de 34 % cette année pour une hausse supplémentaire de 30 % attendue l’an prochain ». Les tarifs de Cape Wine Exporters vont donc « probablement augmenter de 5 à 10 % pour tenir compte de ces différentes problématiques ».
Mais ce sont surtout les rouges qui risquent de poser problème en amont de la récolte 2023. « L’Afrique du Sud est assise sur des excédents de vins rouges issus de 2022 mais aussi de millésimes plus anciens », reconnaît Ben Jordann. Comme l’Australie, l’Afrique du Sud vendait beaucoup de vins rouges à la Chine. « En fonction des chiffres officiels sur les stocks fin décembre, nous en saurons plus sur les tendances en matière de prix. Mais les producteurs sud-africains cherchent toujours à libérer entre 70 et 80 % de la capacité de leur cuverie avant les vendanges et le stockage coûte cher ». Si l’arrêt « du jour au lendemain » des expéditions en direction de la Russie, notamment de chardonnays en vins de base pour mousseux, ont posé problème, les blancs « offrent des opportunités ailleurs » pour cette entreprise qui se considère comme un « guichet unique pour le vin sud-africain en vrac ». Les prochaines prévisions de récolte sont attendues vers la fin du mois de janvier.