n assemblage gewurztraminer/pinot gris nature et un vin orange associant le sylvaner à ces deux premiers cépages ne doivent guère tromper le visiteur de passage au caveau de dégustation de la maison Gustave Lorentz. « Ce sont de petites séries qui cherchent à recréer un débouché à des cépages actuellement en souffrance. Mais ce sont les vins secs de gastronomie qui ont toujours constitué notre image de marque. Ils conservent ce rôle » commente Georges Lorentz, président de la SAS Gustave Lorentz. L’offre de l’entreprise s’articule autour de trois gammes : d’une part les cuvées et les réserves élaborées grâce aux apports d’une quarantaine de viticulteurs cumulant quelque 130 ha conduits en Haute Valeur Environnementale (HVE), d’autre part la ligne « Evidence » approvisionnée par les 35 ha de sols argilo-calcaires profonds exploités en propre, entièrement sur Bergheim, et en bio depuis 2012.
Les cuvées et réserves pèsent 70 % des ventes, le domaine 30 %. En France, la grande distribution ne représente que 3 % des bouteilles écoulées alors que la restauration en accapare 65 %. « Cette implantation est importante. Beaucoup de clients nous contactent après avoir découvert nos vins à table » souligne Georges Lorentz. L’entreprise travaille avec 50 représentants multicartes qui se sont tournés vers les cavistes le temps du confinement et sans essayer de les conquérir par le prix. « Ce choix commence seulement à payer » reconnaît Georges Lorentz. Le développement de l’export a été l’autre axe privilégié. Il pèse 65 % du chiffre d’affaires. Suède, Norvège, Etats-Unis et depuis quinze ans la Chine, sont des valeurs sûres. « Expédier dans 75 pays permet d’amortir les crises. Pendant le confinement, les magasins des monopoles d’Etat sont restés ouverts et les ventes se sont très bien tenues » commente Georges Lorentz qui souhaite cependant rééquilibrer ses ventes vers la métropole. Il envisage d’amplifier le démarchage des cavistes et de passer à quatre actions VPC par an au lieu d’une jusque-là, à partir de fichiers d’adresses achetés.
En janvier dernier la maison de négoce de Bergheim a augmenté ses tarifs de 10 % en raison de la hausse des intrants et des raisins. Elle s’attend à boucler une « bonne année 2022 ». Le bond de 20 % de l’exportation fera que le chiffre d’affaires 2022 dépassera celui de 2019. Les disponibilités en riesling et en pinot noir sont aujourd’hui tendues. La reprise en 2023 par le domaine de 7 ha d’un ancien apporteur et de 3 ha supplémentaires suite à deux fins de carrière sans succession allégera cette contrainte. Ces surfaces seront sans hésiter converties en bio. Ce changement « a amélioré les structures acides, apporté plus d’énergie, de la longueur et du gras à nos vins » se félicite Georges Lorentz.