Une récolte un peu bénie des dieux, on signe pour un millésime comme celui-là chaque année! », le conseiller de la Sicavac François Dal ne cache pas son soulagement pour qualifier le millésime 2022 au sein de l’appellation Sancerre, alors que la plupart des zones viticoles françaises ont souffert cette année de chaleur, de sécheresse et de grêle, avec même un peu de gel selon les zones. Pour le conseiller viticole, la bonne pluviométrie enregistrée en juin a permis à la vigne de ne pas trop souffrir à Sancerre du stress hydrique qui a généralement marqué l’année en France. Des pluies plus légères en août et en début de vendanges sont venues compléter l’apport d’eau, « qui a permis d’arriver à une quantité de récolte supérieure à la moyenne, la majorité des vignerons a rempli les quotas et certains pourront faire du VCI (Volume Complémentaire Individuel) », confirme François Dal.
La grêle a pourtant fait des incursions en zone sancerroise. Un premier passage en juin, mais resté circoncis à une quarantaine d’hectares au sud de de l’appellation, « dans le vignoble de Montigny », précise Christine Laloue, présidente de l’Union Viticole Sancerroise. Puis un second épisode a pris corps le 7 septembre, au plus fort de vendanges démarrées quelques jours plus tôt. « La grêle est toujours effrayante dans notre métier, mais elle a frappé dans une zone où des parcelles avaient déjà été vendangées. Pour celles qui n’avaient pas encore été récoltées, les exploitants ont pu vendanger dans les deux jours qui ont suivi sans que la qualité ne soit vraiment affectée, car le temps est resté frais et les raisins étaient à maturité, ou à quelques jours de celle-ci », reprend Christine Laloue.
Les qualités de vins s’annoncent donc au rendez-vous. Les fermentations alcooliques se sont déroulées sans accroc et François Dal précise que les pH de moûts de sauvignon blanc affichent certes une légère hausse par rapport aux valeurs usuelles, « mais oscillent globalement entre 3,2 et 3,3 contre 3,15 habituellement, et permettent de conserver de très bons niveaux de fraîcheur ». Les degrés se maintiennent quant à eux dans une tranche de 12,5 à 13 % vol, « et les maturités des pinot noir se sont également bien comportées, même si le potentiel de récolte était important et que les interventions en vert étaient indispensables pour parvenir aux meilleurs niveaux de qualité des vins rouges », reprend le conseiller de la Sicavac.
Alors que le gel de 2021 avait amputé les volumes de moitié, cette excellente récolte 2022 devrait relâcher quelques tensions dans la zone sancerroise. « Les stocks arrivent à un niveau très bas et il a fallu fonctionner par allocation pour servir tous nos clients et garder les marchés. Ils se montrent compréhensifs », valide la présidente de l’Union Viticole Sancerroise. Cette bonne récolte 2022 devrait donc permettre de contrebalancer ces difficultés passagères, qui avaient également raffermi le cours du vrac autour de 900 €/hl. « Compte tenu du contexte d’augmentation générale des matières sèches pour le conditionnement, un prix du vin trop élevé risque de pénaliser la mise en marché. La disponibilité de volumes 2022 devrait donc ramener plus d’équilibre », livre François Dal.