n 2022, le vignoble français produirait 44,55 millions d’hectolitres de vin selon la dernière note des Services de la Statistique et de la Prospective (SSP), se basant sur des relevés au premier octobre (avec les précautions d’usage*). Cette nouvelle estimation marque une révision à la hausse des prévisions (44 millions hl au premier septembre), pour une production supérieur de 18 % à l’historiquement faible vendange 2021 (marquée par un violent gel de printemps) et de 4 % par rapport à la moyenne quinquennale (2017-2021). Avec une surface de 796 000 hectares de vignes en production (en 2020), on peut estimer que les rendements 2022 avoisinerait 56 hl/ha, quand ils étaient de 48 hl/ha en 2021. Ce sont les vins sans indications géographiques qui augmentent le plus leur productivité en un an (+32 %, avec 2,9 millions hl), suivis par les vins AOP et IGP (respectivement +28 % à 20,4 millions hl et +22 % à 12,4 millions hl). À l’inverse, la production de vins pour eaux-de-vie chute : -7 % (à 8,9 millions hl),
Notant que les vendanges s’achèvent globalement ce début octobre (« se rapprochent en cela de la situation observée en 2003 » indique le SSP), le service ministériel souligne l’épreuve viticole de ce millésime 2022 : « cette année, les épisodes de gel et de grêle ont touché essentiellement les vignobles du Sud-Ouest, des Charentes et du Val de Loire. Le déficit de pluie à partir du printemps et les fortes chaleurs à l’été ont réduit le potentiel dans plusieurs bassins, notamment dans le Sud-Ouest. Certains vignobles ont toutefois mieux résisté, comme en Charentes, Champagne et Bourgogne. »
Dans le reste du vignoble, le SSP liste les effets du manque d’eau sur les rendements, donnant l’impression d’un généreux potentiel de récolte empêché de fructifier par la canicule. Ainsi « en Beaujolais, après une floraison réussie, le potentiel initialement prometteur est réduit par la sécheresse et la grêle », « en Alsace, les pluies de fin d’été ne permettent pas de combler le déficit des rendements, affectés par une sécheresse prolongée depuis le printemps », « en Savoie, la sécheresse a pesé sur les rendements, malgré des précipitations tardives », « en Val de Loire la sécheresse pénalise les volumes, les Chardonnays ayant été les plus touchés », à Bordeaux en « conséquence de la sécheresse, les baies sont restées petites pour les rouges avec peu de jus au pressage » et « dans le Sud-Ouest, le prolongement de la sécheresse dans la plupart des départements amoindrit encore la production, notamment dans le Gers où une petite récolte est attendue » (inférieure à 2021 pour les Côtes de Gascogne).
À noter cependant de bonnes surprises grâce aux pluies des dernières semaines. Comme « en Languedoc et Roussillon, [où] les premiers résultats conduisent à relever les volumes dans l’Hérault, où les précipitations de fin d’été et l’irrigation auraient été bénéfiques. Ailleurs, la sécheresse réduirait les volumes. » Pour la Vallée du Rhône et la Provence, « les précipitations juste avant les vendanges ont permis de limiter les pertes en jus ». Pour la Corse, « les rendements sont plus élevés que prévu, favorisés par les précipitations de fin d’été ». Et « dans le Jura, la production se situerait au-dessus des niveaux moyens quinquennaux et de l’an dernier, marqué par un gel dévastateur ».
* : « Les prévisions de récolte pour 2022 ont été arrêtées au premier octobre. Par nature, ces prévisions ne peuvent prendre en compte les évènements susceptibles de survenir après cette date et d’influer sur la récolte. La répartition des vins entre les différentes catégories n’est qu’indicative et peut être amenée à évoluer. L’affectation ne sera connue plus précisément qu’au moment de la déclaration de récolte » indique la publication.