Plus de peur que de mal ! ». C’est ainsi que Francis Backert, président du Syndicat des Vignerons Indépendants d’Alsace (Synvira) a résumé les vendanges 2022 lors d’une conférence de presse donnée ce 29 septembre sur son domaine à Dorlisheim (Bas-Rhin). Les pluies de fin août ont fait gonfler les baies… là où elles sont tombées ! « L’hétérogénéité des rendements reflète celle du climat. Des communes ont reçu 40 mm quand leurs voisines ont dû se contenter de 4 mm ! » poursuit Francis Backert.
En pratique, si des viticulteurs au nord de Molsheim par exemple ont fait le plein du rendement autorisé par cépage, voire ont pu compléter par du Volume Complémentaire Individuel (VCI), d’autres de leurs collègues, victimes durables de la sécheresse, parfois grêlés à deux reprises comme à Ottrott, sont loin de rentrer une récolte de niveau acceptable. Ces dégâts locaux importants n’empêchent pas de relever le niveau de prévision de la récolte alsacienne à 900 000 hectolitres, voire plus, alors que le 26 août des prévisions plus pessimistes en entrevoyaient à peine 800 000 hl.
« Les vignes de moins de dix ans, celles poussant dans des sols granitiques comme à Turckheim ou Dambach-la-Ville ont le plus souffert. Le chardonnay, les pinots, ont mieux tenu. C’est à se demander si l’Alsace ne va pas se rapprocher à terme de l’encépagement bourguignon ! » analyse Francis Backert. Le pinot noir notamment est très observé. « Le climat actuel nous permet de le récolter à la maturité voulue, à 12 ou 14°. Il faut identifier les terroirs qui lui sont propices, choisir des porte-greffes résistants à la sécheresse. C’est un défi pour les années à venir. En blanc il n’est pas question de remplacer le riesling par du viognier. Mais c’est un sujet de réflexion » poursuit-il. A Châtenois, une zone de sols séchants en centre Alsace, Pierre Bernhard, vice-président du Synvira, a déjà tranché. « J’ai commencé à sortir le riesling de mes sols de plaine » annonce-t-il.
Même si la récolte 2022 dépasse les 900 000 hl, elle restera la deuxième année déficitaire consécutive. Car le rythme de vente à fin août est remonté à 986 000 hl. Pas de quoi s’affoler car le niveau de stock équivaut toujours à vingt mois de vente. Au contraire, « en 2023, le marché va se réguler, l’offre et la demande vont s’équilibrer » pronostique Francis Backert.