uelques orages fin juin et à la mi-juillet, mais rien à l’horizon d’ici début août selon les dernières prévisions météo… « Pour les parcelles déjà en souffrance en juin cela devient très compliqué. On constate un peu partout que les feuilles des vignes, à commencer par celles de moins de douze ans, jaunissent et que les grappes sont un peu mollassonnes. Il a fallu arroser les complants » détaille Marie-Noëlle Lauer, conseillère viticole à la chambre d’agriculture d’Alsace. « L’échaudage concerne tout le monde, davantage le muscat, les vignes exposées au sud, les parcelles en sous-vigueur. Il est plus marqué en cas de déséquilibre feuille/fruits, surtout quand le nombre de grappes est important ». Effeuillage et rognage ne sont pas recommandés.
Le temps sec est en revanche sans surprise un allié contre ravageurs et maladies. Le niveau record d’eudémis sortis en deux générations a nécessité de traiter quelques parcelles, une première depuis au moins quinze ans. Le mildiou s’est à peine manifesté par quelques taches après les orages. L’oïdium est davantage présent dans les parcelles sensibles mais à un niveau inférieur à 2021. A Molsheim, Julien Boehler, certifié bio depuis l’an passé, se montre serein malgré quelques petits dégâts d’oïdium sur grappes et l’épisode de grêle du 26 juin dont il estime l’impact à 20 % sur ses 8,7 ha en production. « Globalement, je vise moins haut en rendement, à la fois pour la qualité et pour que ma vigne demande moins d’eau. Je fais un gros travail dès la taille pour avoir un plan bien aéré. Mes sols calcaires et argilo-marneux tiennent bien les années sèches. Les 60 mm tombés avec la grêle ont été bénéfiques. A la mi-juin, j’ai roulé l’herbe qui était montée à quelque 70 cm pour préserver de l’humidité. Début véraison, ça se présente bien. Je pense pouvoir rentrer mon volume habituel de 40 à 50 hl/ha ».
A l’échelle du vignoble, la véraison est amorcée. Mais l’écart de stade pour le même cépage soumis à des conditions climatiques variables d’un secteur à l’autre, avoisine les quinze jours, voire plus. Le potentiel de récolte est jugé « faible » alors que l’appellation autorise de 55 à 70 hl/ha selon le cépage. « Le nombre de cellules constaté à la véraison implique que les baies seront petites, moins de 1 gramme contre 1,20 à 1,30 en temps normal » estime Arthur Froehly, responsable technique du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa). Le modèle de prévision du Civa basé sur un prélèvement effectué le 23 juin, table sur une récolte d’environ 900 000 hl pour les 15 600 ha en production en Alsace, soit moins que le rythme de vente annuel actuel (960 167 hl en 2021). « Le paramètre eau sera déterminant pour la suite » résume Marie-Noëlle Lauer. Le premier contrôle de maturité est prévu le 17 août avec une perspective de rentrer les premiers raisins à crémant fin août.