e système de mise en réserve imaginé par le Conseil interprofessionnel des vins d'Alsace (Civa), et approuvé par ses membres réunis en assemblée générale le 24 juin 2022 à Colmar, fixe un « juste milieu entre un rendement nécessaire pour alimenter le marché et une estimation des besoins de vins à avoir en réserve ». Il s'inscrit pour chaque cépage et chaque appellation, entre une limite supérieure, correspondant au début du surstock, et une limite inférieure équivalent à un manque de vin. Tant que le courant de vente se situe à l'intérieur de ce « tunnel », il ne se passe rien. En revanche tout décrochage peut inciter le Civa à actionner le mécanisme.
Prenons l'hypothèse d'un cépage pour lequel le rendement annuel a été fixé à 70 hl/ha. Si en cours de campagne ses ventes dévissent, l'interprofession peut décider sous quelques jours d'en bloquer à la vente un certain pourcentage, 10 % par exemple. « Seul un viticulteur qui aura récolté 70 hl/ha sera concerné. Autrement dit, celui qui n'aura rentré que 63 hl (70 hl ? 10 %) sera exempté de cette mise en réserve obligatoire » explique Serge Fleischer, président du Civa. A l'inverse, si les disponibilités menacent de passer sous un certain seuil, ce volume pourra être débloqué. « L'avantage c'est que ce vin est déjà un vin d'appellation, au contraire du Volume Complémentaire Individuel (VCI) qui doit être requalifié en appellation l'année n+1 » ajoute Serge Fleischer, pour qui réserve, VCI et rendement sont les trois leviers avec lesquels le vignoble doit mettre en phase la production et le rythme des ventes.
Les ventes de vins d'Alsace ont rebondi en 2021. A 960 167 hl dont 29 % d'export, ils réalisent leur meilleure score depuis 2015, dernière année où ils avaient dépassé le million d'hectolitres écoulés. A fin mai 2022, cette dynamique se confirme. Les 8,6 % de hausse sur 2019 constatés en cinq mois mettent le vignoble sur une trajectoire de ventes annuelles de 992 000 hl.