es délégués à l’assemblée générale du 26 août de l’Association des Viticulteurs d’Alsace (AVA) ont approuvé un petit relèvement des rendements de l’année. Pas certain cependant que cela serve toujours aux 3 400 déclarants qui s’attendent à rentrer une deuxième petite récolte consécutive.
Les 70 hl/ha constituent le pivot du rendement autorisé pour une majorité des cépages en 2022 en appellation Alsace. Ce cap correspond à une hausse de 5 hl/ha. Il grimpe même à 75 hl dont 5 hl/ha bloqués à la vente pour le riesling et le crémant. Le gewurztraminer est maintenu à 55 hl/ha. A l’exception, du pinot noir rouge ou rosé, chaque cépage est assorti d’un Volume Complémentaire Individuel (VCI) de 10 hl/ha. Sauf que des opérateurs ont choisi de ne pas l’appliquer comme Arthur Metz (groupe Grands chais de France) dont le nom a été cité. « Il faudrait imposer le VCI » a tonné dans la salle un prestataire de services au contact de certains de ses clients ne pouvant pas honorer leurs factures et pour qui une telle mécanique serait de nature « à sécuriser les entreprises ».
En pratique bien malin qui peut dire aujourd’hui combien seront les viticulteurs en mesure de vendanger un tel volume à partir du 29 août et du 5 septembre (dates d’ouverture respectives du ban des vendanges pour le crémant et l’appellation Alsace). La prévision accorde par exemple un espoir de rendement de 73 hl/ha au sylvaner mais de seulement 57 hl/ha au riesling. « Le cumul de sec, d’échaudage et de grêle par endroits fait que ce sera compliqué » a reconnu Gilles Ehrhart, président de l’Ava. La prévision initiale de 900 000 hl sera probablement plus proche des 850 000, voire des 800 000 hl. Elle pourrait donc s’avérer à peine supérieure aux 785 896 hl vendangés en 2021. Cette nouvelle petite récolte annoncée tombe au moment où le vignoble est repassé à un rythme de vente annuel de 986 876 hl (+ 10,8 % en un an) proche de l’objectif du million d’hectolitres que la profession s’est fixée.
Dans l’immédiat, le déséquilibre attendu entre production et ventes laisse le marché du vrac sans réaction. Le riesling continue de se négocier entre 2 et 2,50 €/l. Le sylvaner s’achète en cave entre 1,50 et 1,60 €, comme il y a vingt ans… « Les charges augmentent. Tous les viticulteurs ne feront pas le rendement autorisé. Les opérateurs doivent penser à revaloriser le prix de la matière première s’ils veulent continuer à avoir des fournisseurs à l’avenir » a prévenu un viticulteur de Châtenois (Bas-Rhin) où la fourchette de rendement dans des sols légers risque de se situer entre 25 et 30 hl/ha…
Le Syndicat des vignerons indépendants (Synvira) va contester le texte sur la sucrosité du riesling déposé à l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO). Son conseil d’administration a pris la décision de principe de se servir de la procédure d’opposition une fois que celle-ci sera ouverte, sans doute après le passage en septembre ou en octobre d’une commission de l’l’INAO. Rappelons que le 15 mars 2022 une majorité de délégués de l’Ava avait approuvé la modification du cahier des charges pour qu’un riesling Alsace, lieu-dit ou grand cru dit, ne puisse être qualifié de « sec » que s’il ne dépasse pas 4 g/l de sucre résiduel ou 9 g/l, si l’acidité totale exprimée en acide tartrique n’est pas inférieure de plus de 2 g à la teneur en sucre résiduel.