rudente, la Bourgogne ne crie pas encore victoire, mais s’y prépare... Alors que les premiers coups de sécateur résonnent, le millésime 2022 s’annonce qualitatif et quantitatif.
Pas de gel dévastateur, des chutes de grêle hyper localisées, une pression fongique faible et des vignes qui tiennent bon face à la sécheresse : le vignoble a jusqu’ici passé tous les obstacles. De quoi redonner le sourire aux vignerons après la très difficile année 2021.
Côté dates, « les crémants ont commencé les semaines du 15 août et du 22 août. Les tout premiers vins tranquilles seront vendangés la semaine du 22, mais le gros de la récolte commencera la semaine du 29 », résume Christine Monamy, responsable des observatoires au BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne).
Des dates très précoces, qui « s’approchent de 2018 ». Mais un peu plus tardives que prévues. « La sécheresse a bloqué pas mal de secteurs, surtout là ou les sols sont superficiels. Les pluies récentes ont donné un petit coup de fouet, mais pas forcement suffisant. On annonçait 30 à 80 mm, on a eu 25 mm tout au plus, et de manière très inégale d’un secteur à l’autre. »


Résultat : des maturités « très hétérogènes », et des vendanges qui devraient « s’étaler sur un mois ». Le secteur du Mâconnais, le plus au sud, est logiquement plus avancé.
Grégoire Pissot, maître de chai de la cave de Lugny, a reçu les premiers raisins destinés aux crémants le 16 août, contre le 13 août en 2020, autre millésime réputé pour sa précocité. À ce jour, l’œnologue a « rentré plus de la moitié des crémants ». Il constate « une avance des rouges par rapport aux blancs, avec des gamays et des pinots un peu plus mûrs que les chardonnays ». Quoi qu’il en soit, il se réjouit car « les équilibres sont intéressants », et les rendements autorisés « devrait être atteints en chardonnay, peut-être un peu moins en pinot noir ».
Dans la zone centrale du vignoble, « On commence dans le courant de la semaine du 29 août», prévoit Pascale Jessiaume, chef de culture de la maison Chanzy, qui possède une soixantaine d’hectares entre Côte chalonnaise, Côte de Beaune et Côte de Nuits. « C’est très hétérogène car il y a eu d’importantes différences de pluviométrie d’un village à l’autre. On commencera par les parcelles les moins chargées ».
Bien sûr, « il y a de petites grumes, à cause de la sécheresse ». Mais « cela donne de beaux équilibres sucre/acidité. On remarque déjà les qualités aromatiques des rouges, et leurs peaux épaisses annoncent de jolies structures ». D’ici la récolte, l’idéal serait « une dernière pluie, pour achever la maturation, et éviter une concentration trop importante des degrés et acidités ».
À Chablis, tout au nord de la Bourgogne, les chardonnays devraient rejoindre les cuves « dès le 1er septembre pour les zones précoces », annonce Paul Espitalié, président de la commission Chablis du BIVB. « Mais le cœur des vendanges devrait plutôt avoir lieu du 5 au 10 septembre. »
Là aussi, la sécheresse a retardé le coup d’envoi. Sans pour autant nuire à la récolte. «Le raisin est magnifique. C’est très sain, il y a peu de grillure. » Une chance qui peut s’expliquer par des pluies un peu plus généreuses qu’ailleurs, mais pas que. « Comme le grand coup de chaleur a eu lieu avant véraison, je pense que le raisin était moins sensible», analyse le directeur de la maison Simonnet-Febvre.
Alors que « les baies ont une taille et un poids inférieurs à la moyenne », la qualité s’annonce optimale. « Lundi, j’étais autour de 9,9 % de degrés moyens et 6,6g/l d’acidité totale. J’avais encore plus de 8 g/l de tartrique et 4 g/l de malique. Cela annonce de très beaux équilibres. »