es intempéries récentes ont aussi frappé les pinots noirs et chardonnays de Bourgogne. Du 20 au 26 juin, l’ensemble de la région a subi des orages « très particuliers », d’après Christine Monamy, responsable Agrométéo du Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). « Il ne s’agissait pas, comme d’habitude, d’un front orageux qui se déplace du sud-ouest au nord-est. Nous avons eu ce qu’on appelle des supercellules, c’est à dire des cumulonimbus monstres, pouvant contenir une énergie équivalente à dix bombes nucléaires. Alors forcement, avec nos générateurs, il était difficile d’atténuer les grêlons. »
Résultat : des dégâts de grêle dans toute la région, mais de manière « hyper localisée ». D’après les premières remontées d’informations, Marsannay, Gevrey-Chambertin, Couchey, Fixin, Nuits-Saint-Georges, Prémeaux-Prissey, Beaune, Igé, ou encore Vergisson sont touchés. Les parcelles atteintes ont subi « 20 à 30 % de dégâts en moyenne », relate Christine Monamy.
Chloé Marnier, responsable vignes de la coopérative Nuiton-Beaunoy (Environ 400 hectares en Côte d’Or) confirme : « les dégâts sont très localisés, différents d’une parcelle à l’autre dans un même village ». Chez ses adhérents, on déplore « des vignes touchées à 10-15 % à Nuits-Saint-Georges ; idem dans les Hautes-Côtes, à Chevannes et à Chaux ; et jusqu’à 30 % à Chorey-les-Beaune ».
Quelques phénomènes plus graves ont été rapportés. Comme ces mini-tornades observées dans le Nord-Mâconnais. « Des communes comme Chapaize, Bray et Ameugny sont concernées. Ce ne sont pas des villages très viticoles, mais ceux qui ont des vignes là-bas ont tout perdu », déplore Jérôme Chevalier, président de l’Union des producteurs de vins Mâcon (UPVM).
À Gevrey-Chambertin, des pluies diluviennes ont surpris tout le village, vignerons comme particuliers. Caroline Drouhin, présidente de l’ODG Gevrey, n’en revient toujours pas. « On a pris 120 mm le temps d’un seul orage, le soir du mercredi 22 juin. C’est du jamais-vu. Les stations météo débordaient. Nous avons eu beaucoup de problèmes de ravinement, la terre coulant au bas des parcelles. Des murets de clos se sont même effondrés.» Bien sûr, « impossible d’entrer dans les vignes pour traiter, alors que la pluie a accru la pression mildiou ». D’où cette décision inédite : « nous avons pu, de manière tout à fait exceptionnelle, traiter le vignoble par hélicoptère. Un arrêté interministériel l’a autorisé, à titre dérogatoire. Une bouillie bordelaise certifiée bio a été appliquée sur toute l’appellation. »
Si ces phénomènes sont dramatiques pour les viticulteurs touchés, la situation reste rassurante à l’échelle de toute la Bourgogne. « Les dégâts sont tellement localisés que, sur le rendement de l’ensemble du vignoble, cela fera probablement peu de différence », estime Christine Monamy, qui rappelle « la très belle sortie de grappes » de l’année. D’ailleurs, les orages ont apporté au moins un effet positif : « les précipitations abondantes ont comblé une partie du déficit hydrique de l’année. Selon les lieux, 40 à 120mm sont tombés en Bourgogne en juin ».
Photo : ODG Gevrey-Chambertin.