Dans certains vignobles, la période de stress hydrique s’inscrit dans la durée » regrette Alain Deloire, professeur à l’Institut Agro de Montpellier. L’expert en physiologie de la vigne sait déjà cette situation va dégrader la quantité et la qualité des vendanges à venir.
Avant la véraison, le manque d’eau limite la biosynthèse des tanins, des acides organiques et de certains précurseurs aromatiques, et limite le chargement en sucre du raisin et le grossissement du fruit. « De la véraison à la maturation, le stress hydrique perturbe la biosynthèse des anthocyanes » ajoute Alain Deloire.
« Et malheureusement, une pluie ou une irrigation durant la maturation ne permettent pas de récupérer ses inhibitions ».
Parce que la sécheresse complique la mise en réserve du carbone, le professeur craint également pour la récolte 2023. « Des contraintes hydriques et thermiques sévères qui s’inscrivent dans la durée au cours d’un millésime et entre millésimes vont affecter négativement la pérennité des vignobles ».


En Provence ou dans les Côtes-du-Rhône, certains conseillers de l’Institut Coopératif du Vin n’ont pas vu une goutte d’eau depuis la fermeture de la grappe. « Au bout de quelques semaines de restriction, la vigne module sa surface foliaire mais maintient une élongation racinaire. C'est le jaunissement et la chute des feuilles que nous commençons à observer de manière généralisée dans la région Occitanie, sur les vignes non irriguées » expliquent-ils.
A court terme, ils préconisent aux vignerons d’ébourgeonner, le cœur de souche consommant 20% de l’eau de la plante pour seulement 5% de production de carbone organique. L’ICV conseille en outre de limiter la concurrence des adventices, et la surface foliaire exposée « par un rognage adapté ».
A moyen terme, il est nécessaire d’augmenter le taux d’humus dans les sols, capable de stocker 4 fois son poids en eau, de mettre en place des mulchs, et d’adopter une taille douce.
« La plantation est le moment de jouer sur les modes de taille, l’orientation des rangs, la fumure de fond, la densité de plantation, le matériel végétal... » concluent-ils.