out un symbole : le Football Club des Girondins de Bordeaux, habitué à la ligue 1 (six trophées dans son histoire), va être relégué dès la prochaine saison en National 1 (tenant du football amateur). Un déclassement d’abord causé par de mauvaises performances sportives, mais aussi accentué par la voracité financière des uns et au manque de solidarité des autres. De quoi faire écho à la morosité ambiante dans le vignoble bordelais, où le déclassement n’est plus une peur lointaine, mais un risque présent. S’enchaînent en Gironde les crises économiques et climatiques depuis des années : déconsommation des vins rouges en France, polémiques répétées sur l’usage des phytos en Gironde, coup dur des taxes Trump aux États-Unis, tassement du marché chinois, crise covid, gel historique du printemps 2021, flambée des coûts après l’invasion russe de l’Ukraine, orages de grêle de juin 2022… Sans compter les cartons rouges des dernières affaires de Fraudes (aux vins espagnols), ou de la série de condamnations de marques domaniales (pour tromperie du consommateur), et même de la non-venue de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (l’OIV, installée à Dijon). Quand ça ne veut pas… À croire qu’il y a un bus devant les buts de Bordeaux.
Plus qu’un malaise, il y a un profond mal-être dans le vignoble bordelais. Alors que les vignerons se démènent pour produire des vins plus modernes (environnementalement et gustativement parlant), ils voient toujours les cours du vin en vrac rester à des niveaux indécents… Sans même que cela n’allège les stocks, qui pèsent toujours plus à l’approche des vendanges. Ce cocktail explosif détonne dans le vignoble, où se forment des demandes pressantes d’aides à l’arrachage. Des vignerons en détresse demandent des moyens pour permettre à ceux ne pouvant plus vivre de leur métier de sortir dignement de la filière et ainsi rééquilibrer le marché de ceux restant actifs. Chacun sa surface de réparation.
Si les modalités de financement des primes à l’arrachage divisent, tous s’accordent sur la nécessité de trouver d’autres solutions pour remettre Bordeaux dans le match. Une relance qui doit passer par une nouvelle identité de jeu. Et le vignoble girondin ne manque pas d’initiatives en la matière : qu’il s’agisse de rougir la production en Entre-deux-Mers ou de la blanchir dans le Médoc, de développer les expériences touristiques à Bourg, à Sauternes, dans les grands crus classés en 1855 et avec l’UNESCO à Saint-Émilion, de répondre aux demandes de conseil des consommateurs avec les Ambassadeurs de Graves, de se diversifier en IGP Atlantique… Et de prendre des engagements agroenvironnementaux forts, comme l'interdiction de désherbage chimique à Pomerol*.
Loin d’être reléguée, la Gironde reste le premier département viticole de France, ce qui lui confère une force de frappe et une capacité de rebond sans commune mesure. Le potentiel est là pour ne plus vendanger les occasions de but qui se présenteront à l’avenir.
* : D'autres Dispositions AgroEcologiques types (DAE) sont adoptées par les AOC Bordeaux, Bordeaux Supérieur, Cérons et Pessac-Léognan, D'autres appellations étudient leur intégration, comme Barsac, Blaye, Côtes Bordeaux, Côtes de Bourg, Entre-deux-Mers, Graves de Vayres, Margaux, Médoc, Pessac-Léognan…