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150 000 € en appel pour la tromperie du Bordeaux de Maucaillou
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Relance judiciaire
150 000 € en appel pour la tromperie du Bordeaux de Maucaillou

Le vin de négoce reprenant le nom de château médocain de Pascal Dourthe voit sa condamnation confirmée en deuxième instance, annonçant une nouvelle salve de jugements sur le dossier bordelais des marques de négoce reprenant un nom lié à un château.
Par Alexandre Abellan Le 01 juillet 2022
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150 000 € en appel pour la tromperie du Bordeaux de Maucaillou
Suite aux alertes de l'administration, la propriété a changé le 'Bordeaux de Maucaillou' en 'Le B par Maucaillou'. - crédit photo : DR
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i une ombre planait ce 30 juin sur la sixième chambre de la cour d’appel de Bordeaux, c’était celle d’un Dourthe, Pascal qui est à la tête des Notables de Maucaillou qui sont poursuivis, mais pas celle d’un doute, la juridiction ayant confirmé sans nuance la condamnation en première instance de la marque "le Bordeaux de Maucaillou" pour pratique commerciale trompeuse. Issu depuis 2013* à 55 % du château de Beau Rivage (propriété de Pascal Dourthe) et à 45 % d’achats de vins en vrac (ensuite élevés dans un chai à Baurech), le vin rouge en question affichant sur ses étiquettes « la même présentation que celui des vins issus de la propriété [château de Maucaillou] : charte graphique, présentation, agencement visuel, typographie, taille de caractères mettant en avant le nom de Maucaillou ».

Réduisant de 200 à 150 000 euros la condamnation Notables de Maucaillou et de 20 à 10 000 € l’amende de Pascal Dourthe, le jugement d’appel indique que « les différents éléments visuels graphiques et textuels induisaient le consommateur moyen à penser acheter un vin issu des vignes de la propriété Maucaillou, en l’absence de mentions explicites "négociants" ou "vin de négoce" ou encore en précisant le nom des propriétés tierces dont les vins ont été assemblés ». Épinglant dans son jugement une ambiguïté cultivée sciemment, la cour d’appel en veut pour preuve la différence de succès commercial entre la marque Bordeaux de Maucaillou qui se vendait à 650 000 bouteilles pour 2,3 millions € en 2015-2016 et le "B par Maucaillou" qui a eu du mal à se vendre et a conduit à un excédent de 200 000 cols : « cet effondrement démontre l’impact que l’étiquette "le Bordeaux de Maucaillou" revêtait sur le comportement économique du consommateur moyen, dont l’altération était substantielle ».

Premier d’une série

Première marque domaniale condamnée au tribunal judiciaire de Bordeaux le 12 décembre 2019, le Bordeaux de Maucaillou inaugure le passage en appel de cette saga juridique. Suivront les marques Bordeaux de Larrivet Haut-Brion, Bordeaux de Citran, Bordeaux de Gloria, Bordeaux de By… En attendant la suite, le professeur Ronan Raffray, qui dirige le Master de droit de la vigne et du vin de l’université de Bordeaux estime qu’il s’agit avec ce nouvel arrêt Maucaillou d’une décision « importante », mais qui « n’est pas surprenante, car elle confirme que qui avait été dit dans le jugement de première instance, et constate l’émergence d’un consommateur "vraiment" moyen, dont l’on n’exagère pas les connaissances et sur qui ne pèse pas un devoir excessif de vérification. » Préparant une analyse complète pour le site spécialisé OpenWineLaw, le professeur de droit privé note qu’« il ressort de l’arrêt que l’impression globale produite sur le consommateur est trop ambigüe. Je partage cet avis. » Pour l’expert, « il est notable que l’arrêt éclaire un point de droit qui posait un problème : fallait-il considérer que le consommateur devait connaître l’exploitation pour qu’il puisse être trompé ? Très clairement, la Cour écarte cet argument et considère qu’il importe peu que le consommateur ait une connaissance exacte de l’exploitation. Effectivement, il peut être envisagé que ce qui soit déterminant c’est que le consommateur pense être face à un vin d’exploitation, même s’il ne connaît pas l’exploitation. »

« Un apport majeur de l’arrêt est d’avoir insisté sur les connaissances du consommateur normalement informé, raisonnablement attentif et avisé. Il ne faut pas oublier que ces textes protègent le consommateur, et que le consommateur moyen de vin a des connaissances modestes » poursuit professeur Ronan Raffray, ajoutant que pour la Cour, « si l’on exige de lui des investigations, cela ferait de lui un consommateur particulièrement avisé, et je trouve cette motivation très pertinente. »

 

* : Jusqu’au millésime 2012, la marque s’approvisionnait en vins rouges à 100 % sur les vignobles du château Bel Air. La déclinaison en vin blanc de la marque est à 100 % issu d’achats extérieurs.

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Tous les commentaires (7)
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kilian Le 06 septembre 2024 à 21:43:31
A l'occasion foire aux vins 2024 j'ai vu de mes yeux Le "B" en vente dans les foires aux vins suivantes, entre 6.50 et 7 ? : AUCHAN, LECLERC. m'étais arrêté sur le vrai MAUCAILLOU, (22?) puis sur le N° 2 (13?), que je connaissais et appréciais. Découvrant le "B" et son prix bas, j'ai suspecté l'arnaque. Mes recherches m'ont conduit à l'arrêt de la cour. Cela m'a rappelé les vins CITRAN qui usent ou ont usé du même procédé, mais avec un texte sur la contre étiquette précisait l'origine étrangère à CHATEAU CITRAN. J'avais plongé sur une bouteille et constaté que le breuvage était fort médiocre v:s CHATEAU CITRAN. Ce qui rste surprenant c'est que ces domaines se tirent une balle le pied. Celui qui ne suspecte rien va acheter à 6.50 au lieu de 13, au même commerçant. Quel est l'avantage de cette opération mensongère pour MAUCAILLOU ou CITRAN ?
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Badh Le 27 septembre 2022 à 07:40:46
Un peu déçu mais à ce prix là fallait pas rêver. D'autant que le VRAI Maucaillou reste abordable. C'est pas non plus une fraude au sens copeaux de bois ou coupage au vin d'Espagne...
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Pat Le 06 septembre 2022 à 17:37:28
Ce vin est toujours en vente actuellement le b de moncaillou chez intermarché cdiscount etc Merci à l'administration de faire son devoir
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Alexis Sabourin Le 03 juillet 2022 à 16:28:29
@Cqcvin : Ce qui n?est pas le cas et ce que sanctionnent ces décisions qui confirment la distinction déjà ancienne en droit du vin entre les marques viticoles domaniales d?une part (vin issu de la production du domaine) et les marques viticoles commerciales d?autre part (vin qui n?est pas issu de la production du domaine). Les viticulteurs et négociants seront bien avisés de lire l?analyse du professeur Raffray !
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so french Le 02 juillet 2022 à 10:41:11
le bordeaux de maucaillou blanc et rouge 2015 est toujours en vente ce jour sur le site d'une plate forme bien connue et ailleurs...
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so french Le 02 juillet 2022 à 00:16:17
Ce qui est fantastique, c'est que ce jour, sur le site de Cdiscount, se vendent des caisses de Bordeaux de Maucaillou 2015, à 47? les six bouteilles...
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Cqcvin Le 01 juillet 2022 à 15:39:54
Je suis un dégustateur averti, voir très averti! Mais j'ai été persuadé pendant longtemps, qu'il s'agissait d'un vin issu des vigne de Maucaillou ! vin que le château déclassait en AOC Bordeaux...
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