Saluant la « prise de risque » des organisateurs du salon Wine Paris & Vinexpo Paris dans la tenue de leur évènement malgré la pression sanitaire (voir encadré), le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie salue, lors de son inauguration ce lundi 14 février, la résilience d’une filière vin tenant debout face aux vents contraires : « 2021 a été une année noire pour le secteur vitivinicole. On pense aux taxes Trump, à la période de la covid, à l’épisode terrible de gel… » Défendant le bilan du gouvernement à l’approche des élections présidentielles, le ministre souligne qu’« à chaque fois, en bonne intelligence, avec force, on a essayé de trouver les bonnes solutions pour soutenir ce qui fait nos productions ». Tout en se projetant sur la suite : « bref, on souhaite que l’année 2022 se passe sous de meilleurs auspices [et] soyez assurés que nous serons à vos côtés pour vous aider ».
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En matière de soutien, la période est critique pour la filière vin. Ne serait-ce qu’avec l’attente d’arbitrages gouvernementaux pour verser les aides aux vignerons gelés le printemps 2021. Notamment les prises en charges des exonérations de cotisations sociales, le rachat de 2,5 % des taux franchises pour les assurés et de mise en place de taux départementaux de réfaction mildiou pour les non-assurés. « C’est en ce moment même que les vignerons se rendent compte que leurs revenus et leurs trésoreries sont impactées par la petite récolte » explique Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, dont la prochaine réunion se tient ce mercredi 15 février, avec l’espoir de « bonnes nouvelles » venues du ministère.


Autre sujet de tension pour la filière vin, le vote ce mardi 15 février par le Parlement Européen d’un rapport de lutte contre le cancer (rapport BECA) stigmatisant actuellement la consommation d’alcool (avec une mise en danger dès la première goutte). S’étant déjà positionné en opposition à cette vision sanitaire de la consommation de vin, le ministre a répété la position de la France : « ne pas aller plus loin que ce qui a été acté dans le plan cancer national. Le sujet est celui de la modération, pas de l’interdiction » indique Jérôme Despey, prônant une vision de « sagesse » de ce dossier : « il n’a jamais été prouvé que le premier verre cause un danger pour la santé ».
Ayant bouclé sa visite de stands en deux heures, le ministre de l’Agriculture part justement à Strasbourg pour rencontrer des eurodéputés dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne. L’occasion de pousser vers une version moins radicale du rapport BECA (des amendements sont discutés en ce sens) et d’appuyer les déblocages à Bruxelles sur le plan gel (des notifications de la Commission Européenne sont attendues).
« Ce n’était pas forcément évident de tenir ce salon » glisse lors de l’inauguration le ministre Julien Denormandie. « Ouvrir le salon un jour de saint-Valentin est une double opportunité. D’abord c’st le retour à la vie professionnelle de notre activité. C’est aussi un moment important de la commercialisation des vins : février est un mois charnière, où les affaires se font. Plus tard, on aurait été bien ennuyés... » explique Rodolphe Lameyse, le directeur de Vinexposium. L’organisateur annonce accueillir plus 2 800 exposants et 18 à 20 000 visiteurs sur trois jours.