n matière de risques pour la santé liés à la consommation de boissons alcoolisées, « il y a des prises de position du comité spécialisé [sur le plan de lutte contre le cancer] du parlement européen qui vont plus loin que les positions que nous avons toujours défendues. Et qui sont d’ailleurs des positions, je crois, agréées par tous » indique le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, présentant ses vœux pour 2022 à la presse ce 4 janvier. Adopté ce 9 décembre 2021 à Bruxelles, le rapport anticancer Beating Cancer (BECA) s’appuie sur une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour indiquer qu’il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque de favoriser un développement cancer. Ainsi, le Comité BECA « rappelle que la consommation d’alcool est un facteur de risque pour de nombreux cancers, comme la bouche, le pharynx, le larynx, l’œsophage, le foie, colorectal, du sein… » et « rappelle l’étude de l’OMS qui reconnaît que quand il s’agit de prévention du cancer il n’y a pas de niveau de sécurité et souligne le besoin de le prendre en compte quand seront discutés et mis en place les politiques de prévention du cancer ».
Cette position hygiéniste qui suscite un véritable tollé dans le vignoble, français en particulier et européen en général. « Depuis cela, nous avons entrepris un grand travail avec les parlementaires européens pour faire en sorte que lors du vote de ce rapport (en février), les parlementaires européens puissent prendre position pour, je l’espère, rétablir le bon équilibre » précise Julien Denormandie, ajoutant que « pour ma part, et avec mon collègue Olivier Véran [ministre de la Santé], on a beaucoup travaillé avec les parlementaires européens pour que cela se passe de la sorte. Après, c’est le vote démocratique qui le fera. »


La filière vin craint pour sa part que ce rapport puisse remettre en cause les aides communautaires au vignoble, le comité BECA demandant à l’Union Européenne et ses états membre de réviser leurs politiques globales pour permettre une meilleure prévention. « Nous savons que ce sophisme pourrait être utilisé comme un chèque en blanc pour l’établissement de politiques qui visent à limiter la consommation en soit, pas l’abus. Et par cohérence politique, s’il faut réduire la consommation on peut mettre en cause les programmes de soutien pour le secteur du vin, y inclus l’aide à la promotion. Ça pourrait être le début de la fin du secteur tel qu’on le connait » analyse Ignacio Sánchez Recarte, le secrétaire général du Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), pour qui « ce n’est pas un dossier anecdotique. S’il est adopté de la sorte, ça laissera entendre qu’il n’y a pas de doute scientifique concernant le fait que toute consommation d’alcool soit dangereuse pour la santé. Or, nous savons que ce n’est pas le cas. »