e principe de précaution poussé au maximum ne passe pas. « Cette décision est une provocation, une déclaration de guerre et une condamnation de notre secteur » tempête Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons de France. Le casus belli en question est la validation, ce 9 décembre, du rapport de la commission spéciale de lutte contre le cancer du Parlement européen (BECA) indique dans son paragraphe 11 « que la consommation d’alcool est un facteur de risque pour de nombreux cancers, comme la bouche, le pharynx, le larynx, l’œsophage, le foie, colorectal, du sein… » et « rappelle l’étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui reconnaît que quand il s’agit de prévention du cancer il n’y a pas de niveau de sécurité et souligne le besoin de le prendre en compte quand seront discutés et mis en place les politiques de prévention du cancer ».
N'ayant pas de portée législative, ce texte doit permettre à la Commission Européenne d’appuyer ses propositions de plan cancer communautaire sur la position politique du Parlement Européen, qui doit se positionner en plénière début 2022. « Tous les amendements problématiques pour la filière sont passés au vote de la commission. Il faudra se mobiliser en sessions plénière, mais ce ne sera pas facile » prévient l’eurodéputée alsacienne Anne Sander (Les Républicains).


« Zéro consommation, cela veut dire zéro production. Soit le démantèlement d’un secteur stratégique pour l’Union Européenne. C’est un choix politique à assumer par le parlement, la commission et le conseil » prévient Jean-Marie Fabre, qui en appelle à la responsabilité de chaque institution. « Le cancer est une maladie multifactorielle. Ce sont des analyses réductrices se basant sur une étude partielle du Lancet et reflétant une position idéologique, dogmatique et utopique » ajoute le vigneron de Fitou, dénonçant une logique par l’absurde : « pour éviter un cancer pulmonaire lié aux particules fines, cette commission pourrait interdire d'inspirer… On sait pourtant que le plaisir fait partie de l'allongement de la durée de vie. Soyons dans la construction d'une politique de prévention et d'éducation. »
Appelant les eurodéputés à ne « pas amalgamer de manière simpliste sous le terme d'alcool, ni envoyer des messages qui contribuent à désorienter les consommateurs en considérant tous les modes de consommation de la même façon », l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV) estime également dans un communiqué que « la vision hygiéniste du Comité de lutte contre le cancer du Parlement européen hypothèque gravement le secteur vitivinicole européen ». Cette orientation politique pouvant se traduire, à terme, par la suppression des aides européennes aux politiques de développement de la filière vitivinicole.
Faisant réagir vertement la filière vin, ce rapport relance le dossier de la débanalisation de toute consommation de boissons alcoolisées. Qui n’est pas un objectif seulement européen, des organismes français y aspirant, comme Santé Publique France.