Ignacio Sánchez Recarte : Malheureusement, c’est n’est pas un argument qui nous surprend, car cela fait des années qu’on voit comment certains acteurs/organisations ont simplifié et banalisée la communication sur la consommation de boissons alcooliques et le risque de cancer. Néanmoins, nous ne pensions pas que le comité BECA du Parlement allait considérer seulement une vision partielle des résultats scientifiques.
C’est une tendance de fond qui était jusqu’à présent plus présente dans les pays du Nord de l’Europe, mais qui s’est invité aussi à Bruxelles.
S’agit-il d’une position propre à un comité spécial orienté sur la santé, ou cela peut-il créer une adhésion dans la majorité du parlement européen ? Le concept de consommation responsable est-il audible au parlement européen ou est-il connoté "lobbying des boissons alcoolisées" ?
Pour le moment le rapport ne présente que la position d’un Comité spécial, mais il sera voté en séance plénière est là, si rien ne change, ce sera un rapport du Parlement Européen.
Nous espérons que notre demande ne sera pas vue comme une démarche de lobby, mais comme une requête pour que tous les éléments scientifiques soient considérés et que le risque de cancer ne soit pas analysé en isolation de tous les facteurs qui l’influencent.
Quelles seraient les implications d’une validation par le parlement européen de ce texte en l’état ? Est-ce un dossier anecdotique ou un signal faible inquiétant pour l’avenir ?
Ce n’est pas un dossier anecdotique. S’il est adopté de la sorte, ça laissera entendre qu’il n’y a pas de doute scientifique concernant le fait que toute consommation d’alcool soit dangereuse pour la santé. Or, nous savons que ce n’est pas le cas.
Ce rapport n’est qu’un avis du Parlement Européen, car c’est la Commission qui a le droit d’initiative législative. La Présidence Française du Conseil européen ne jouera non plus aucun rôle.
Néanmoins nous savons que ce sophisme pourrait être utilisé comme un chèque en blanc pour l’établissement de politiques qui visent à limiter la consommation en soit, pas l’abus. Et par cohérence politique, s’il faut réduire la consommation on peut mettre en cause les programmes de soutien pour le secteur du vin, y inclus l’aide à la promotion. Ça pourrait être le début de la fin du secteur tel qu’on le connait.