éfis de pédagogie et opportunités de transparence sur les ingrédients (voir encadré pour la définition). Issue de la dernière Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027), l’étiquetage obligatoire des informations de nutrition (sur l’étiquette) et d’ingrédients (sur l’étiquette ou en ligne, via un QR Code sur l’étiquette) pour les vins vendus en Europe dès la fin 2023 tient de la boîte de Pandore pour la perception, déjà complexe, de l’univers des vins par les consommateurs. Commandant à l’agence Wine Intelligence (groupe IWSR) une enquête en ligne sur la réaction des consommateurs vis-à-vis de ces nouvelles informations, l’association internationale des producteurs et distributeurs de produits œnologiques (œnoppia) a récolté les ressentis dans 10 pays de 11 533 consommateurs de vin (au moins un verre de vin par mois).
« La perception majeure qui ressort de cette enquête sur l’étiquetage des ingrédients est l’incertitude, bien plus que le rejet pur et simple » résume Stéphane La Guerche, le directeur général d’œnoppia, ce 30 novembre lors d’une conférence du salon Sitevi. Les réponses laissent en effet transparaître un manque de vision tranchée des consommateurs sur la question de la présence additifs dans le vin. Du moins sauf quand il s’agit de vins bio (66 % pensent que la certification biologique interdit tout additif). Pour Stéphane La Guerche, la filière vin doit communiquer sur les méthodes de vinifications pour accompagner cet étiquetage. Notamment pour rassurer sur la qualité des vins (49 % des sondés estiment que les vins de qualité n’ont pas besoin d’additifs) et sur l’impact sanitaire (42 % des répondants ne savent pas si consommer un vin avec un additif est dangereux pour leur santé).


En termes d’acceptabilité par les consommateurs, « une courte liste d’ingrédients (par exemple "raisin 99 %, conservateur (sulfites) et anti-oxydant (acide L-ascorbique)") serait préférée à une longue liste ("raisin 99 %, conservateur (sulfites) et anti-oxydant (tanins, acide L-ascorbique), régulateur d’acidité (sulfate de calcium), stabilisant (acide métatartrique, mannoprotéines de levures"). Alors que la première a un impact neutre, voire positif, sur l’image du vin par rapport à la simple mention "contient des sulfites", la seconde serait plutôt associée à la compensation d’un manque de qualité du vin » explique Stéphane La Guerche, notant des nuances selon les pays. Ceux anglo-saxons étant favorables à la transparence, quand cela refroidit fortement les achats japonais. Globalement, « les consommateurs seraient plus enclins à accepter plutôt qu’à rejeter la majorité des ingrédients. Seuls ceux à "sonorité chimique" seraient les moins bien perçus (comme DiMéthylDiCarbonate ou carboxyméthylcellulose) » ajoute le directeur d’œnoppia, pour qui « expliquer le rôle d’un ingrédient permettrait une augmentation significative de son acceptation »
Même si la période transitoire dure jusqu’à la fin 2023, Ignacio Sánchez Recarte, le secrétaire général du Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV) enjoint les opérateurs des vins à ne pas tarder pour commencer à lister leurs ingrédients*. Ceci afin d’éviter les mauvaises surprises quant à la longueur des listes à afficher (par exemple pour des négociants réalisant des assemblages de plusieurs producteurs). À noter qu’il existe un risque de réouverture, et de durcissement, des règles d’étiquetage de la PAC concernant les boissons alcoolisées, à la suite du rapport comité spécial du Parlement européen sur la lutte contre le cancer (Comité Beca) et à la révision du règlement d’information aux consommateurs qui a aussi lieu en parallèle.
* : Les entreprises pouvant utiliser la plateforme développée par les filières des vins et spiritueux europens, ULabel.
« En l’absence de règles spécifiques, la réglementation horizontale s’applique (soit le règlement d’information au consommateur n°1169/2011) » pour formaliser la liste d’ingrédients explique Ignacio Sánchez Recarte. D’après ces textes, « un ingrédient est toute substance ou produit (y compris les arômes, additifs alimentaires et enzymes agroalimentaires) utilisé dans la fabrication ou la préparation d’une denrée alimentaire et sont encore présents dans le produit final dans son état final ou transformé ». Le sucre de la chaptalisation étant transformé en alcool, « sous vision purement juridique de la réglementation européenne, le sucre serait un ingrédient » indique le secrétaire général du CEEV. Dispensés d’étiquetage, les auxiliaires technologiques sont définis dans le règlement européen 934/2019.