uverte pour deux mois depuis ce premier juillet, la Procédure Nationale d’Opposition (PNO) du nouveau cahier des charges de l’appellation Crémant de Bordeaux ouvre notamment la possibilité à l’AOC d’incorporer des cépages blancs dans les crémants rosés (lire l’encadré pour les autres modifications). Aux cépages rouges classiques*, cette proposition ajoute quatre variétés blanches : muscadelle, sauvignon blanc, sauvignon gris et sémillon. Dans l’assemblage, l’ensemble des vins de base blancs devra être inférieur à 30 % du volume (avec une limite de 10 % chacun pour les sauvignon blanc et gris).
« Nos élaborateurs ont exprimé un intérêt technique pour assembler des raisins blancs dans les rosés certaines années, afin d’obtenir de la fraîcheur et maîtriser le profil » explique Stéphane Gabard, le président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs, qui note qu’avec le changement climatique, « pas mal d’apporteurs fonctionnent avec du merlot, qui sont ramenés très précocement. On a des dates de vendanges de plus en plus tôt. »


Pratiqué de longue date par les champagnes, l’apport de vins blancs dans le rosé permet également de « mieux maîtriser les couleurs, comme il y a une demande croissante sur des rosés plus clairs » indique Charles Schaller, le président de la Fédération Nationale des Producteurs et Elaborateurs de Crémant (FNPEC, réunissant les crémants d’Alsace, de Bordeaux, de Bourgogne, de Die, du Jura, de Limoux, de Loire et de Savoie). Cette possibilité d’ajout de cépages blancs également présente dans d’autres crémants rosés, comme ceux de Limoux et de Loire. Il n’y a pas d’autres projets dans ce sens indique Charles Schaller, le vigneron du Haut-Rhin se rappelle que l’Alsace a mené des expérimentations d’ajout de blancs dans des rosés il y a dizaine d’années, mais la filière alsacienne n’a pas donné suite (« à l’époque il s’agissait de préserver les volumes de pinot noir, notre seul cépage autorisé en rosé »).
S’achevant le premier septembre, cette PNO doit permettre l’exécution du nouveau cahier des charges dès le millésime 2021 indique Stéphane Gabard, qui espère une récolte abondante : « commercialement, le crémant de Bordeaux tire plutôt bien son épingle du jeu (avec des progressions constantes). Nous pensons que le marché va aller dans le bon sens, avec des tensions du fait des aléas climatiques sur les autres régions productrices. Si la vendange est en hausse, nous pourrions avoir des développements de marché. » En 2020, l'AOC Crémant de Bordeaux a produit 60 000 hectolitres de vins effervescents, avec 796 hectares de vignes revendiqués par 250 producteurs et l'interventiond de 8 élaborateurs.
* : Soit cabernet franc, cabernet-sauvignon, carmenère, malbec, merlot et petit verdot.
Le cahier des charges des crémants bordelais est également mis à jour pour « être mieux-disant » et lever certains flous auprès « des nouveaux opérateurs » ne connaissant pas les pratiques de l’AOC précise Stéphane Gabard. Ces précisions portent notamment sur le transport des raisins (définition des dimensions de bacs et hauteur de vendanges), sur le délai avant pressurage (24 heures maximum) et sur les températures de stockage (14°C maximum durant la prise de mousse et 20°C jusqu’au dégorgement).
À noter la mise à niveau des crémants avec l’AOC Bordeaux, avec l’intégration par la première des trois mesures agroenvironnementales de la seconde.Soit l’évacuation des pieds morts, l’interdiction du désherbage chimique total et l’obligation de calcul des Indices de Fréquence des Traitements phytos (IFT).