Les jeunes aiment le rosé, c’est un vin d’avenir et de plaisir » affirme Thierry Bonnet, le propriétaire du château Marot (23,8 hectares de vignes en Entre-deux-Mers). Alors que la tendance est à la diversification des productions agricoles dans le vignoble bordelais, c’est le choix de la spécialisation qu’a suivi le vigneron bordelais. S’il cultive « pour s’amuser » 0,8 are de sauvignon blanc depuis 2012 (pour 6 000 bouteilles produites annuellement), il s’est orienté à 100 % dans la production et la commercialisation de vins rosés depuis 2014.
Cette stratégie est née « lors de la crise des années 2000 », lorsque les vins rouges de Bordeaux ont traversé d’importantes difficultés commerciales se rappelle Thierry Bonnet. Le vigneron se souvient avoir constaté la qualité de la production de ses voisins et en avoir tiré la conclusion qu’il devait sortir de la masse des vins de Bordeaux rouges. Ayant passé ses trois premières années « à ramer » pour vendre ses rosés, Thierry Bonnet est désormais appuyé par les achats pluriannuels de deux négociants : les vignobles Gabriel et Baron Philippe de Rothschild. Vendant principalement en vrac, le domaine développe le conditionné (avec 20 000 bouteilles de rosé et 1 000 à 1 500 BIB de 5 litres).


Avec une production annuelle de 160 000 d’équivalents bouteilles de vins rosés, Thierry Bonnet est confiant dans l’avenir, estimant qu’annuellement « Bordeaux est capable de vendre 180 000 hl de rosés, 150 000 hl auraient été produits en 2020 ». En termes de profil produit, son domaine suit la tendance des couleurs provençales : toujours plus pâles. Visitant chaque année le Var pour y déguster les rosés qu’il affectionne, Thierry Bonnet se pose la question de rester en AOC Bordeaux pour ses rosés. « Le consommateur cherche avant tout des vins plaisirs, et Bordeaux a perdu de sa notoriété » estime le producteur, qui pourrait basculer vers les vins de France s’il optait pour des cépages hors cahier des charges (pour l’instant, il vient de planter 1,7 ha de malbec pour obtenir des teintes violines dans ses rosés).
Certifié Haute Valeur Environnementale (HVE), le domaine est en deuxième année de conversion à la viticulture biologique. Malgré les réticences de ses proches, Thierry Bonnet estime que les vins bio sont « aussi un produit d’avenir, qui intéresse les négociants. En rayon, il y a très peu de bordeaux rosés » conclut-il.