ans le rayon vin, « Rosé piscine est devenu une référence incontournable à 1,9 million d’équivalents bouteilles » glisse Jacques Tranier, le directeur général de Vinovalie (400 adhérents pour 3 800 hectares de vignes en production à Cahors, Fronton et Gaillac). Lancée en 2004 avec l’impératif de dégustation « absolument avec des glaçons », la marque Rosé Piscine atteint 1,5 million de bouteilles et 93 000 BIB commercialisés du premier mai 2020 au 30 avril 2021 (en croissances respectives de 34 et 25 % par rapport à l’année glissante précédente).
Ce développement était loin d’être écrit il y a quinze ans. « Les premières réactions ont été de nous condamner, en considérant que mettre des glaçons dans un verre de vin c’est scandaleux » se souvient le directeur de Vinovalie, pour qui ce succès est lié à un profil produit exigeant dans son approvisionnement. Ainsi qu’à une certaine obstination dans la poursuite du projet. Après les critiques des tenants de la tradition, dans un deuxième temps « les gens nous ont dit que c’était un effet de mode, que ça ne durerait pas » rapporte Jacques Tranier.
L’effet de mode portait plutôt sur la gamme des rosés pamplemousses, qui a mis à mal pendant un temps la croissance de la marque Rosé Piscine. « Mais la concurrence s’est étiolée avec une guerre de prix sacrifiant la qualité (avec de mauvais rosés espagnols et des arômes). Le leader est resté et on a repris la progression » résume Jacques Tranier, pour qui la marque « cible les gens qui n’ont pas l’habitude de boire du vin sur instants plus festifs (rosé d’apéro et début de soirée). On est face au whisky-coca et aux bières. »
Le premier marché de la marque est la grande distribution, avec 775 000 cols (+20 %) et 91 000 bibs (+25 %). « Un vin sans indication géographique à plus de 4,5 €, ce n’est pas courant à ces volumes-là dans un rayon sans IG à 2 € » souligne Jacques Tranier, pour qui « on est sortis de la notion d’effet de mode, grâce à profil produit ». Signe du succès, des enseignes de la grande distribution ont demandé à Vinovalie de les approvisionner en Marques De Distributeurs (MDD). Inévitablement, « des gens ont essayé de nous singer, plutôt à l’export » note Jacques Tranier.
Avec 645 000 cols (+65 %), les ventes à l’étranger affichent une forte croissance. « L’export a mis longtemps à décoller, car ce sont les Français qui sont les principaux consommateurs de rosés » note le directeur de Vinovalie, qui note la réussite du concept au Brésil. Rosé Piscine domine en effet les ventes de vins français, y étant la première marque vendue en volume. « Le Brésil est un pays tropical. Le glaçon, c'est quelque chose qu'on aime » pointe l’importateur Rogerio Rebouças, qui a lancé ses premières importations de Rosé Piscine en 2015. L’agent se rappelle que « la réticence venait plutôt des sommeliers, mais le Rosé Piscine est un vin pour les nouveaux consommateurs. Ils n'ont pas d’habitudes trop strictes. »
Ces expéditions ont pris de plus en d’importance avec un positionnement sur le réseau des cavistes, bars et restaurants. S’appuyant sur l’habillage dédié à la restauration en France (un sleeve), Rogerio Rebouças a positionné la marque sur une approche premium, « sans jamais céder à la tentation de casser le prix ». Pour marquer cette réussite sur le marché brésilien, Rosé Piscine y sort sa première édition limitée : un sleeve reprenant les ondes colorées de la plage de Copa Cabana (photo ci-dessous). « Comme en France ; on a toujours des concurrents qui arrivent. Mais jusqu'à aujourd'hui, ils ne restent pas, comme en France. Le Rosé Piscine n'est pas seulement un rosé avec plus de sucre » conclut Rogerio Rebouças.