l ne s’agit pas d’un cyclope mais bien de GalileOak, la cuve en bois sphérique et rotative de 15 hectolitres fabriquée par la tonnellerie Seguin Moreau et la start-up Galileo (filiale du même groupe). Hors du commun, ce contenant a fait sensation lors du dernier salon Vinitech à Bordeaux, fin 2018.
Aujourd’hui, elle a pris place au domaine La Moussière chez Alphonse Mellot à Sancerre. C’est, pour l’instant, la seule et unique pièce installée en France. « Son prix explique cela : GalileOak est vendue autour de 50 000 € HT, précise le vigneron qui a participé à sa conception. Je suis adepte de toutes formes nouvelles de barriques ou de cuves en bois. Avec des contenants de différentes formes, on apporte de la diversité et de la complexité au vin. Et GalileOak a une forme sphérique parfaite ! ».
Contre toute attente, le vigneron a inauguré GalileOak avec un rosé. Pour cette première, il retenu sa parcelle de pinot noir plantée en 1988 à 20 000 pieds par hectare sur des calcaires et des marnes. « Cette cuvée sera un rosé de gastronomie, prévient-il. Après un pressurage direct, la fermentation alcoolique s’est déroulée spontanément. J’ai ensuite baissé la température à 8°C pour empêcher la malo et sulfité à 3 g/hl. Depuis, je maintiens le vin à 10°C et pense le sortir avant l’été pour le remettre en cuve inox où il terminera son élevage avant la mise en bouteille ». D’ici là, il n’a pas prévu d’y toucher. Le vin aura donc connu un élevage sur lies totales depuis octobre 2019.
Alphonse Mellot ouille chaque semaine sa cuve. Mais il ne remet pas les lies en suspension alors que la cuve permet de le faire aisément. « Je ne souhaite pas apporter trop de gras. Je la tourne déjà déguster. Cela suffit. Sur des millésimes très acides, il y aurait un intérêt. Ce n’est pas le cas du 2019 », commente le vigneron. A la dégustation, mi-février, le rosé est sec, minéral et fruité sans notes boisées. Bien qu’il titre 14,8 % vol., l’alcool est tout à fait fondu.


Le vigneron ne sait pas encore à quel prix il va vendre sa nouvelle cuvée. En revanche, il connait déjà son nom. « Vingt mille pieds sous Sancerre ! se réjouit-t-il. Lorsque j’ai vu le support de la cuve, de style Eiffel, j’ai pensé à Jules Verne ». Pour sûr, GalileOak restera en belle place dans sa cave. A ses yeux, c’est un bel outil de vinification, mais aussi une pièce d’art. « Je pense acheter prochainement 6 galileo en béton. Je les placerai autour de GalileOak pour faire un ensemble esthétique ».
Face au visiteur, un hublot circulaire est placé sur la sphère et laisse entrevoir le vin logé dans GalileOak. On dirait l’unique œil d’un cyclope. « C’est pour voir la limpidité du vin. C’est assez esthétique, » détaille le vigneron.
Au sommet de la sphère, on trouve une vanne de soutirage et un robinet dégustateur. Placé là-haut, il n'est pas d'une grande utilité. Pour déguster ou soutirer, il faut faire pivoter GalileOak autour de son axe à l’aide d’une manivelle ad hoc. « C’est un peu ennuyeux. Je vais faire installer un robinet dégustateur supplémentaire sur la trappe en inox », précise Alphonse Mellot, premier vigneron utilisateur.
Celle-ci se trouve de l’autre côté de la cuve, à l’opposé du hublot, faisant également face à l’utilisateur. Elle sert pour l’encuvage et le décuvage des rouges. En cours de vinification ou d’élevage, c’est par là que l’on contrôle les températures. « Un drapeau amovible est accroché à cette trappe », fait observer Alphonse Mellot. Deux tuyaux pour l’arrivée et le départ d’eau froide ou chaude sortent du plafond et se raccordent aux vannes fixées sur la trappe.