es caves coopératives montrent leurs fragilités actuellement, avec des échos inquiétants dans le Gard, comme la fermeture annoncée de la coopérative Saint-Julien-de-Peyrolas.
Il ne faut pas se focaliser sur le Gard, la crise touche des caves coopératives partout. Dans l’Aude et ailleurs, ce n’est guère plus brillant… Dans le Gard il y a de belles caves qui s’en sortent bien. Mais arrivées à certains volumes, des coopératives ne sont plus rentables et il faut restructurer ou stopper l’activité. C’est toujours un déchirement, mais la dimension de la crise fait qu’il faut dépasser le sujet de la fierté de clocher.
Je regrette que les moyens ne soient pas mis sur la restructuration des caves. La région Occitanie joue le jeu, mais pas le ministère de l’Agriculture qui ne tient pas son engagement [NDLR : l’aide de 10 millions € à la restructuration des coopératives étant suspendue à un audit]. Il arrive un moment où la mariée n’est plus mariable à cause de endettement, de ses stocks et du déséquilibre de ses capacités. Certains niveaux font que la cave ne peut plus être reprise. Et les coopérateurs fuient les uns après les autres devant l’ampleur des dégâts. Il faudrait organiser la restructuration des caves de manière positive. Malgré les efforts des fédérations, le marché met son ordre dans le laisser-faire actuel. Et des caves ne trouvent plus preneurs.
Avec VPA, avez-vous récemment refusé des offres de reprise de caves coopératives ?
Oui, nous avons refusé deux propositions. Ces caves n’étaient plus mariables. C’est triste. On doit pouvoir régler le sujet en établissant un plan global national. Je regrette que le plan de restructuration national ne soit pas mis en œuvre : cela aurait aidé. Mais quand on a dit ça, il faut évidemment que les caves se prennent elles-mêmes en main sans attendre que tout tombe rôti par l’Etat. Il faut monter un vrai projet économique.
Mon groupe coopératif a fait le choix de fermer l’un de ses trois unités industrielles pour intégrer la diminution des volumes (-10 % de surfaces par les arrachages, les départs à la retraite sans reprise…). Cette année, nous fermons le site de Calvisson pour regrouper la production sur les sites en zones AOC à Générac (Costières de Nîmes) et Saint-Hilaire d’Ozilhan (Côtes-du-Rhône). On ferme le site de Calvisson à la vinification, mais il deviendra un lieu d’accueil commercial (avec une cave Vilavigne, un bar à vin…) et restera le siège social (services administratifs et financiers). On ne déserte pas le site, on reste présent et on se regroupe pour être plus efficace.
Où seront transférés les volumes de Calvisson ?
La cave de Générac deviendra, en termes de vinification, la cave essentielle du groupe VPA, au cœur des costières de Nîmes. Un chantier est en cours à Générac et à venir à Calvisson, nous réalisons un investissement d’un million d’euros (à Générac pour accueillir plus de volumes, à Calvisson pour le magasin Vilavigne, des caissons pour le transport de raisin, des quais dans plaine de la Vaunage…). C’est vrai projet de restructuration pour limiter les frais de cave, augmenter la commercialisation locale, l’export et la vente conditionnée (en bouteille). Nous fermons une cave, augmentons la performance d’une autre et investissons dans le commercial.
Dans cette restructuration, quelle est votre stratégie commerciale ?
Je le répète, ce sont les marchés et les consommateurs qui commandent : ils veulent autre chose qu’une production traditionnelle et il faut y répondre. Moins et mieux pour résumer. Ce qui bouleverse les outils économiques. Nous faisons le choix du développement de la valeur en aval et pas du volume en amont. En clair, nous n’optons pas pour un développement quantitatif : il aurait été possible de se surcharger de milliers d’hectolitres supplémentaires, mais pour quoi faire ? Nous avons pris deux nouveaux coopérateurs récemment et nous nous arrêtons là. Notre objectif est de chercher de la valeur ajoutée. Et je suis assez d’accord avec ceux qui disent que le vin doit faire des efforts d’innovation. Le groupe VPA travaille sur les vins effervescents, les cocktails, les vins à faible degré… On ne réglera pas tout avec ces innovations, mais ce sont piste. On se bouge !
Entre la conjoncture difficile à court-terme pour la commercialisation de vin et les projections de déconsommation structurelle qui augmentent la surcapacité des outils coopératifs, ne risquez-vous pas de devoir de nouveau restructurer vos caves ?
Nous avons voulu avoir un coup d’avance. Mais il y a trop de volumes de vins produits en France. Il faut réduire et permettre à ceux qui le souhaitent de sortir dignement avec une prime d’arrachage. Même si les 4 000 €/ha pour le dernier arrachage n’était pas une somme élevé, elle évite de voir des vignes abandonnées en friche. Comme cela est évoqué à Bordeaux, il faut obtenir une nouvelle opération d’arrachage. Mais à côté de ça, il faut construire. Sachant que les caves particulières ne sont guère mieux loties que nous.