ernière innovation sur le marché des contacteurs membranaires, Isiox a été conçu pour améliorer la netteté aromatique des vins en plus de les débarrasser de leur oxygène dissous et d’ajuster leur teneur en gaz carbonique selon le niveau souhaité par l’utilisateur. Cet équipement, distribué par AEB en France, filtre sélectivement les gaz dissous à l’aide d’un tamis moléculaire. Outre l’oxygène et le CO2, il élimine aussi deux molécules responsables de défauts de réduction – le sulfure d’hydrogène, ou H2S, et le méthylmercaptan – tout en préservant les autres composés aromatiques.
Joseph Labatut, œnologue adjoint aux Vignobles Gayrel, une entreprise qui conditionne 2 millions de cols par an à Gaillac, dans le Tarn, est convaincu de l’intérêt de cette machine. « Depuis près de deux ans, nous traitons tous nos vins par Isiox, avant la mise en bouteille, pour les désoxygéner et les décarboniquer ou pour les gazéifier, explique-t-il. À la sortie, ils sont plus francs, plus nets et plus ouverts. Isiox corrige des problèmes de réduction, particulièrement sur les sauvignons thiolés. Et il permet d’abaisser le sulfitage puisqu’on élimine de l’oxygène dissous. »
Joseph Labatut apprécie également la simplicité d’utilisation d’Isiox : « C’est juste un tube. Le vin passe à l’intérieur. Il n’y a pas de vannes d’entrée ni de sortie. On choisit l’opération que l’on veut faire sur l’écran de la machine. » Trois possibilités s’offrent à l’utilisateur : désoxygéner, désoxygéner et décarboniquer ou carboniquer. Pour chacune, il indique la concentration en gaz dissous souhaitée à la sortie de la machine. « En une seule opération, on fait passer un rosé qui contient 1 500 mg/l de CO2 et 0,8 mg/l d’oxygène avant filtration à 1 200 mg/l de CO2 et à 0,2 ou 0,3 mg/l d’O2 », illustre l’œnologue. En revanche, l’élimination de l’H2S et du méthylmercaptan ne se programme pas : elle est une conséquence du passage du vin dans le contacteur membranaire.
Loïc Béarnais, directeur général de Béarnais Filtration et Embouteillage, possède lui aussi un Isiox. Ce prestataire basé à Sainte-Ferme, en Gironde, embarque cet équipement dans ses camions à la demande de ses clients. « Je propose ce traitement en option, indique-t-il. Dans 90 % des cas, Isiox nous est demandé pour optimiser le profil aromatique des blancs en jouant sur le CO2. Cela apporte de véritables bénéfices : on réduit de moitié l’ajout de SO2 tout en enlevant de la réduction. »
Loïc Béarnais apprécie aussi la simplicité d’intégration du système dans ses camions. « C’est très simple et intuitif à utiliser », ajoute-t-il. Mais, en raison des difficultés que traverse le Bordelais, ses camions l’embarquent moins souvent ces derniers temps. « Les propriétaires tirent les prix et essaient de se passer de ce qui est optionnel. »
En Bourgogne, une coopérative songe à s’équiper après des tests concluants. « Nous avons mené des essais sur une vingtaine de vins blancs et vins rouges aux profils variés, explique l’œnologue de cette cave. Notre objectif était de corriger des défauts de réduction tout en préservant l’intégrité aromatique des vins. »
Avant de tester ce contacteur, cette cave corrigeait les défauts par stripping, une technique qui consiste à insuffler du CO2 dans les vins pour entraîner les composés responsables de défauts. « Avec cette méthode, rien n’était automatique. Il fallait un opérateur qualifié pour la mettre en œuvre et les vins étaient souvent mis à mal, souligne l’œnologue. Avec Isiox, nous avons gagné en pureté et en finesse et obtenu des valeurs précises de gaz dissous. » Reste à évaluer la rentabilité de cet investissement qui coûte de 90 000 à 95 000 € pour un appareil de 100 hl/h.
Les Vignobles Gayrel ont lancé Fraî en rosé, blanc et rouge, trois vins gazéifiés et faiblement alcoolisés, en se servant d’Isiox. « Lors d’un premier passage, nous désoxygénons ces vins puis nous les carboniquons à 3 000 mg/l pour ceux que nous tirons en fût de 20 litres et à 2 500 g/l pour ceux que nous tirons en bouteille, explique Joseph Labatut, assistant œnologue. Nous avons conduit des essais de carbonication avec un fritté, avec Isiox et avec un autre contacteur membranaire. C’est avec Isiox que nous avons obtenu les bulles les plus fines et les produits les plus nets. »