xcentricité typiquement britannique ou piste sérieuse pour capter l’attention d’un public plus jeune ? La chaîne de distribution Waitrose semble en tout cas déterminée à suivre une tendance émergente : l’alliance entre vins et glaces. Mais attention, pas n’importe quelles glaces ni n’importe quels vins. La Génération Z, friande de produits haut de gamme et de saveurs originales – cannelle, tiramisu, chocolat belge/griotte… – plébiscite de plus en plus les crèmes glacées premium. Et selon Waitrose, cette appétence commence à se traduire sur les cartes des restaurants londoniens, dans un esprit proche de celui de l’adresse parisienne Folderol, qui fait déjà le pari du duo vin-glace.
Un duo inattendu mais plébiscité
« Cette année, nous avons observé que beaucoup de restaurants ont associé vins et glaces », remarque Will Torrent, chef cuisinier chargé de l’innovation chez Waitrose. De son côté, Joe Sharky, acheteur glaces pour l’enseigne, confirme : « la Gen Z contribue fortement à la croissance des glaces », en soulignant le rôle moteur des réseaux sociaux. Waitrose a d’ailleurs pris les devants en proposant ses propres accords : moscatel de Valence avec glace au petit pain à la cannelle, pinot noir roumain pour accompagner une glace chocolat belge/griotte, ou encore porto tawny associé au parfum tiramisu. À noter toutefois : aucun vin français ne figure pour l’instant dans ces recommandations…
Une opportunité pour les vins français
Les vins français ont toutefois une belle carte à jouer dans le domaine des vins rouges légers à servir frais. Pour les acheteurs britanniques, ce segment recèle un fort potentiel de croissance — à condition de bien penser sa mise en rayon. Faut-il les installer derrière une vitrine réfrigérée, au risque de perturber les habitudes des consommateurs ? Ou les proposer en rayon classique, accompagnés d’explications claires sur leur mode de dégustation ? Les distributeurs se montrent optimistes : ces vins plus légers en alcool, souvent plus accessibles, pourraient séduire une clientèle plus jeune. Et leur présence au rayon frais permettrait aussi de les placer aux côtés des RTD (boissons prêtes à boire), très en vogue actuellement, et des cannettes et autres petites bouteilles. Dans tous les cas, les vins rouges à consommer frais s’inscrivent dans une tendance de fond. D’après le détaillant en ligne Wanderlust Wine, « les consommateurs de vins actuels sont de plus en plus ouverts à l’expérimentation, à la fois en termes de produits et de modes de consommation. Qu’il s’agisse de méthodes de vinification novatrices ou revisitées…ou même de verrerie à utiliser à table, bon nombre d’entre eux explorent de nouvelles façons de découvrir leur vins préférés ».
L’essor des vins entre 5 et 9%
Autre piste à explorer : les vins faiblement alcoolisés, baptisés « mid » outre-Manche, autrement dit, des vins titrant généralement entre 5 et 9%. L’enseigne de grande distribution Tesco y voit « la nouvelle grande tendance » dans le prolongement du succès des « no-low ». Selon des données publiées par Nielsen, au cours des douze mois se terminant à la fin février 2025, la demande de ces vins a fait un bond de près de 100%. Reconnaissant qu’il s’agit encore d’un marché balbutiant, Tesco a néanmoins lancé cinq références l’an dernier et observe « une croissance d’un mois sur l’autre ». A telle enseigne qu’il envisage « d’élargir la gamme au fur et à mesure que les consommateurs en deviennent informés ».
La nouvelle équation de la modération
L’acheteur vins de l’enseigne, Steve Garwood, retrace : « La catégorie des vins moyennement alcoolisés existe depuis moins de deux ans au Royaume-Uni donc on en est encore au tout début, mais tous les signaux nous montrent qu’ils vont s’imposer comme la prochaine grande tendance de la consommation modérée d’alcool ». Ses propos s’appuient en partie sur les résultats d’un nouveau rapport intitulé « The Mid Strength Opportunity » réalisé par le cabinet KAM, le collectif Mid Strength et Club Soda. On y apprend que 50 % des consommateurs préfèrent boire deux verres d’alcool à faible degré plutôt qu’un seul standard, et que 55 % s’y intéressent comme un moyen de modérer leur consommation — un chiffre qui grimpe à 71 % chez les 25-34 ans. Le rapport est catégorique : « Les boissons moyennement alcoolisées ne représentent plus une tendance émergente, mais une préférence générale ».