ingt-trois maisons de vins d’Alsace, vingt-trois muscats : ce 31 mars à Colmar, les participants au rendez-vous de présentation du nouveau millésime par les Grandes Maisons d’Alsace ont mis en avant, outre leur gamme destinée aux restaurateurs et cavistes, un cépage typé, digeste, léger en alcool, « correspondant aux tendances actuelles de consommation ». « Un vin printanier pour attaquer 2025 en force ! » résumait Jacques Cattin, vice-président des Grandes Maisons d’Alsace. De la force et du dynamisme, les producteurs-négociants, à l’instar de l’ensemble du vignoble, en ont besoin pour résister à l’atmosphère pesante qui baigne leurs marchés, notamment à l’international. 26 % des 902 155 hl vendus (-2,5 %) en 2024 ont été envoyés à l’étranger. « Une bouteille exportée sur deux l’a été par le négoce » signale Marie-Paule Gilardoni, secrétaire générale de GMA.
Difficile donc pour les exposants de l’après-midi de ne pas avoir à l’esprit l’annonce d’une taxation des vins français destinés aux Etats-Unis. La maison F.E. Trimbach est logiquement la plus inquiète de toutes. « Nous y sommes la première marque de vins d’Alsace. Ce marché pèse 35 % de nos ventes. Nous avons essayé d’anticiper les expéditions. Nous continuons à visiter nos importateurs, nos distributeurs, pour garder le contact. Mais nous ne sommes actuellement sûrs de rien » commente Mathis Laundy, responsable clientèle du metteur en marché de Ribeauvillé. « Toutes les commandes pour les Etats-Unis, restent dans nos caves pour le moment. Mais ce marché ne représente que 5 à 10 % de nos ventes. Sur d’autres pays, la demande s’étoffe. Après le riesling et le gewurztraminer on nous achète maintenant du pinot noir et du crémant, c’est positif » indique Laure Adam, du domaine Jean-Baptiste Adam à Ammerschwihr.


« De nouveaux clients des pays de l’Est et d’Asie rencontrés sur Wine Paris et Prowein nous apportent de petits plus. Nous n’avons qu’un seul client de longue date aux Etats-Unis, alors nos ventes ne se tassent pas » se félicite Claude Gisselbrecht, de la maison Willy Gisselbrecht & Fils à Dambach-la-Ville, tournée à 40 % vers l’international. « Comparé à d’autres vignobles, le rapport qualité-prix et les tarifs des Alsace donnent une marge de manœuvre pour supporter un peu de taxes supplémentaires. Mais même si à l’arrivée ce sont pas 200 % qui seront appliqués, il faut s’attendre à ce qu’il en reste toujours quelque chose » admet Thomas Boeckel, président de GMA. Laissons le mot de la fin à Georges Lorentz, de la maison Gustave Lorentz à Bergheim : « les marchés sont ce qu’ils sont. A force d’attendre les embellies on ne fait plus rien. J’ai préféré me lancer en investissant 1,5 million € dans une nouvelle chaîne d’embouteillage ». Un pied de nez au pessimisme !
La présentation a attiré quelque 150 professionnels au long de l’après-midi.