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Les taxes Trump, une opportunité pour les vins ? Vraiment ?
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200 % discutable
Les taxes Trump, une opportunité pour les vins ? Vraiment ?

Moins de marché US à cause de plus de taxes Trump pour les vins français = plus de Petrus à moins cher pour les consommateurs européens choyés par l'effet d'un protectionnisme communautaire ? C’est l’audacieuse vision défendue par Périco Légasse, dans un construction théorique méconnaissant visiblement la réalité économique de l’export pour la filière vin hexagonale. Spoiler : l’export, c’est pas du luxe.
Par Alexandre Abellan Le 15 mars 2025
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Les taxes Trump, une opportunité pour les vins ? Vraiment ?
Marianne, reviens, ils sont devenus fous… - crédit photo : Adobe Stock (Patrick J.)
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a propension au contrepied a ses limites. Dans un billet titré "200 % de taxe sur les vins et le champagne, une aubaine pour les vignobles et les consommateurs européens" le rédacteur en chef de l'hebdomdaire Marianne Périco Légasse propose une vue de l’esprit qui peut décontenancer le vignoble. « Contrairement à la doxa ambiante, le protectionnisme brutal dont Donald Trump menace les vins européens avec une taxe de 200 % n’est pas forcément une calamité si le Vieux Continent décide de réagir à la hauteur de l’enjeu » estime le défenseur de l’agriculture français, jugeant que cette mesure de rétorsion se limiterait à « un coup, et un coût, évident pour les vins les plus cotés et les plus connus » et serait surtout « l’occasion de repenser les importations et les tarifs en vigueur ».

Visiblement préoccupé par « la tarification des vins les plus célèbres, donc les plus cotés, souvent les plus exportés », Périco Légasse regrette l’inflation des prix des grands crus de Bourgogne et de Bordeaux (« comme le grand cru classé château Latour 2006, à Pauillac, vendu 4 600 euros à et l’illustre Pétrus 2020, à Pomerol, vendu 6 600 euros le flacon »). La solution ? Les grands vins français aux Français pour le critique et chroniqueur gastronomique, « si la menace de taxation américaine à 100 % ou 200 % de droits de douane devenait réalité, gageons que tous ces prestigieux domaines, largement à l’abri du besoin vu les fortunes accumulées depuis trente ans, se tourneraient vers le marché européen, et bien sûr français, avec le sourire, en reconsidérant leur politique tarifaire ».

Fantassins

Une vision légèrement datée. D’abord parce que les grands crus ne sont plus épargnés par la crise (certains ayant des tensions sur l'emploi et leur pérennité), comme en témoignent les dernières campagnes pour le moins poussives des primeurs 2022 et 2023 à Bordeaux (malgré des baisses de prix notables, mais visiblement insuffisantes). Ensuite parce que les propriétés cotées cherchent déjà à reconquérir les marchés de proximité (tardivement pour certaines il est vrai, les sirènes valorisées de l’export étant indéniables). Et finalement parce que le marché américain ne se limite pas à l’importation de grands vins inabordables (comme le vignoble d’ailleurs). Parlant de « fantassins », Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, rappelle récemment que  sur les 4 600 entreprises françaises exportant des vins aux États-Unis, 3 600 sont des caves particulières (représentant 20 % des volumes et 30 % de la valeur des vins exportés), ce qui expose particulièrement les petits domaines aux soubresauts du premier marché de consommation de vin dans le monde. D’autant plus que cette première destination en valeur est dynamique pour les bouteilles françaises.

Pesant par exemple pour 6 % des ventes de l'IGP Pays d'Oc, les États-Unis importent 15 millions de bouteilles de vins de pays, essentiellement rosés avec une valorisation non seulement appréciée mais nécessaire. Cette menace de taxes à 200 % « met en péril l'ensemble de la filière viticole française. C’est une attaque directe contre notre compétitivité aux États-Unis, un marché essentiel pour nos vignerons » plaide dans un communiqué Jacques Gravegeal, le président des vins IGP Pays d'Oc, pointant qu’« une telle décision aurait des conséquences néfastes : perte de revenus, perte de parts de marché et affaiblissement de notre présence à l'international ».

Perte de marché totale

Une fragilisation qui menace un secteur déjà mis à mal économiquement. Ce que reconnaît Périco Légasse en évoquant « la situation dramatique que connaissent depuis quelques années [de nombreux vignobles] en train de dépérir avec des dizaines de milliers de cessations d’activité ». Déjà affectée par les aléas climatiques, la crise covid ou l’inflation causée par l’invasion russe de l’Ukraine, il n’y avait pas besoin d’en rajouter avec un conflit ne concernant pas la filière résume Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui s’est réuni ce mercredi 12 mars (la veille des annonces de Donald Trump). Estimant que « si de telles sanctions étaient appliqués, ce serait anéantir tout un pan de notre filière. Le sujet est celui de la perte de marché totale, sur notre premier pays de destination export », le premier vice-président de la FNSEA le martèle : « ce serait dramatique pour une filière déjà en très grande souffrance ». Pas besoin d’en rajouter donc dans la montée tension. Sauf pour le rédacteur en chef de Marianne.

Protectionnisme

Alors que toute la filière des vins et spiritueux appelle à laisser les marchés ouverts, sans surenchères douanières ou protectionnistes, Périco Légasse défend « la notion essentielle de préférence communautaire » avec « une taxation des vins des "nouveaux mondes" » (sont cités Etats-Unis, Chili, Argentine, Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) qui serait urgente : « fallait-il attendre les délires trumpiques pour envisager un tel plan de secours d’un si précieux patrimoine ? » Une vision qui n’est pas vraiment celle fixée par la filière dans son récent plan stratégique, actant le déclin structurel de la consommation sur les marchés européens, dont la France. « L’export reste notre avenir, ne lâchons rien ! » martelait récemment Gabriel Picard, le président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS), regrettant que les pouvoirs publics n’aient « pas conscience de ce que l’on fait et ce que l’on représente ». Il semble en être de même pour les éminents défenseurs de la gastronomie et des vins français.

 

« Si la menace de l'administration Trump se concrétisait, une taxe de 200% rendrait nos produits non compétitifs face aux vins locaux ou à ceux d'autres pays non concernés par cette mesure » alerte Jacques Gravegeal, soulignant qu’« une bouteille d'IGP Pays d'Oc coûterait alors entre 45 et 60 dollars, rendant son accès difficile pour les consommateurs américains ».

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Tous les commentaires (3)
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aynard Le 15 mars 2025 à 19:03:18
La surtaxation des vins en Amérique : Une catastrophe économique, pas une opportunité illusoire L'article de M. Périco Légasse propose une vision simpliste et irréaliste des conséquences de la taxation à 200 % des vins européens par les États-Unis. Présenter cette menace comme une « opportunité » relève d'un raisonnement théorique, bien éloigné des réalités du marché viticole mondial. 1. Un effondrement des exportations européennes, un gain pour la concurrence Contrairement à ce qu'il avance, ce ne sont pas les consommateurs européens qui absorberont le choc, mais les pays du Nouveau Monde qui prendront notre place sur le marché américain une fois de plus. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, le Chili et l'Argentine n'attendent que ça. Pendant que l'Europe arrêtera d'exporter aux USA, ces pays, eux, se frottent les mains et s'installent durablement aux États-Unis, où ils pourront capter des parts de marché que nous ne retrouverons jamais. 2. Protectionnisme : une fausse bonne idée M. Légasse prône une taxation des vins du Nouveau Monde en Europe. Or, nous avons déjà des accords de libre-échange, notamment avec la Nouvelle-Zélande, rendant cette mesure juridiquement impossible. De plus, pourquoi pénaliser ces pays qui n'ont rien à voir avec la politique protectionniste américaine ? L'OMC ne permettrait pas une telle injustice. D'ailleurs, contrairement à ce qu'il suggère, les principaux exportateurs de vin en Scandinavie restent? la France, l'Espagne et l'Italie. Ni la Nouvelle-Zélande ni l'Australie ne dominent ce marché. Ce n'est pas une taxation punitive qui changera la donne. 3. Le mythe d'une baisse des prix des grands crus L'auteur suggère que la surtaxation américaine pousserait les grands crus à baisser leurs prix pour se recentrer sur l'Europe. C'est méconnaître le fonctionnement économique du secteur. Un Château Latour ou un Pétrus ne peut pas soudainement réduire ses prix de 50% sans menacer sa viabilité. Ces domaines ont des coûts de production très élevés, des investissements lourds, et reposent sur un marché mondial qui ne peut être remplacé du jour au lendemain. 4. Une filière déjà en crise, un coup de grâce fatal La majorité des producteurs européens sont déjà fragilisés. Perdre le marché américain signifierait un effondrement massif, (3.8Milliard rien que pour la France) car il n'existe pas de solution de repli capable de compenser une telle perte. Dire que cette surtaxation pourrait être bénéfique, c'est nier les efforts immenses déployés par les représentants du secteur, qui travaillent jour et nuit avec le Commissaire Européen à l'Agriculture pour éviter une catastrophe industrielle. Par contre l'idée de taxer le Bourbon risquait de revenir en boomerang. Effectivement ca na pas manqué. Quand le Commissaire à L'agriculture fait tout pour aider al viticulture ses confrères envoient un pétard dans le jardin de Trump. Mauvaise coordination. Et la viticulture toujours la victime. Conclusion : une approche déconnectée des réalités Loin d'être une opportunité, la taxation américaine à 200 % est une attaque directe contre la filière viticole européenne. Ce n'est pas en rêvant à redéploiement sur un marché européen fantasmé ni en prônant des solutions protectionnistes irréalistes que l'on sauvera nos vignobles. Il est temps de prendre la mesure du danger et d'agir concrètement plutôt que d'élaborer des théories hasardeuses.
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EGL Le 15 mars 2025 à 11:15:42
Une mentalité de rapace qui va venir ramasser les déchets d'une filière vin mise en pièces par cette guerre commerciale stupide...Il faut vraiment avoir très peu de connaissance et une bien faible solidarité avec toutes les personnes qui partout en France travaillent dans le vin pour se réjouir de la perspective de décisions aussi funestes. C'est bien joli de vouloir boire du Petrus (et tous les autres bien sûr) mais encore faut-il que quelqu'un.e.s le produisent...et puis que les consommateur.e.s français.e.s soient prêt.e.s à mettre le prix de vins de qualité voire d'exception. Les marchés export sont plus capables de le faire, c'est une donnée sociologique. La France ne paye pas son vin assez cher pour sa qualité. Exception, le vin au restaurant, où là il est encore trop cher (cf les cartes en Espagne, où on peut boire beaucoup plus de bons vins à table pour des prix beaucoup plus raisonnables.)
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augustin Le 15 mars 2025 à 10:20:42
il est temps que la filière vin France relance une vigoureuse campagne de communication aux usa sur le thème "remember yorktown Victory 1780 " :^) ou équivalent plus digeste ... De l avis des spécialistes historiens c est bien cette bataille de yoktown il y a 245 ans qui a permis aux États Unis d Amérique d acquérir son indépendance et cela avec l aide financière et militaire de la France.Le président Trump semble ignorer l histoire de son grand pays . Et la France et son vignoble devraient commémorer cet événement pour lequel le marquis de la fayette a été pour beaucoup . Reprendre en écho le slogan : " la fayette nous voici " aurait un écho mondial, d autant que ledit marquis à quitté les rives de la côte française lors de son premier voyage aux États Unis à partir de ... pauillac en medoc !!! on se prend onc à rêver de ce que une agence marketing pourrait faire, si correctement briefee par les caciques de notre filière. Mais en ont ils encore envie , écluses qu ils sont par des négos d épiciers limitées à la distillation et à l arrachage :*( Notre filière viticole francaise à des atouts mais tarde à les jouer : lafayette et les us , le mercosur et le bresil , les promesses de modi et le ibre échange avec l inde... Qui peut prendre le lead au commerce exterieur pour organiser la relance à l international , sans attendre une renverse des marees, desormais iprobable ???
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