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Donald Trump menace de 200 % les vins et spiritueux français
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Taxer là où ça fait mal
Donald Trump menace de 200 % les vins et spiritueux français

Embarqué dans l’escalade des menaces douanières transatlantique, le vignoble français est de nouveau l'otage d’une guerre commerciale qu’il a tout fait pour éviter. Avec encore plus d'incertitudes face au flot de menaces brutales, de reculades soudaines et de retournements de situation.
Par Alexandre Abellan Le 13 mars 2025
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Donald Trump menace de 200 % les vins et spiritueux français
Le président américain annonce des droits jamais vus sur les bouteilles françaises pour que l'Europe ne taxe pas les bourbons dans le conflit sur l'acier et l'aluminium. - crédit photo : Adobe Stock (Gguy)
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es vins et spiritueux le craignaient, Donald Trump l’a fait. Ce jeudi 13 mars, le président des États-Unis annonce sur le réseau Truth Social que « l'Union européenne, l'une des autorités fiscales et tarifaires les plus hostiles et abusives au monde, créée dans le seul but de profiter des États-Unis, vient d'imposer un tarif douanier exorbitant de 50 % sur le whisky [NDLR : en mesure de rétorsion aux taxes américaines sur l'acier et l'aluminium]. Si ce tarif n'est pas supprimé immédiatement, les États-Unis imposeront prochainement un tarif douanier de 200 % sur tous les vins, champagnes et produits alcoolisés en provenance de France et d'autres pays membres de l'Union Européenne. Ce sera une excellente nouvelle pour les entreprises du vin et du champagne aux États-Unis. »

S’étant mobilisés pour être oubliés par un conflit commercial ne les concernant pas, les vins et spiritueux se trouvent de nouveau embarqués dans un affrontement douanier transatlantique (après les taxes américaines de 25 % ciblant les vins et spiritueux français d’octobre 2019 à mars 2021, avant d’être suspendue pour 5 ans jusqu’en juin 2026). Plaidant pour que les spiritueux américains ne soient pas visés par Bruxelles afin que Washington ne rentre pas dans la surenchère en les ciblant, la filière vitivinicole est désormais prise dans un maëlstrom dont le cours, la violence et les remous sont inconnus. D'autant plus que le président américain a, semble-t-il, gardé un bon souvenir du précédent bras de fer avec la France*.

Destination danger

Menaçant clairement les produits alimentaires européens de taxes de 25 % depuis ce jeudi 26 février (malgré la visite diplomatique du président français Emmanuel Macron le 24 février à Washington), Donald Trump inquiète depuis sa réélection les exportateurs de vins et spiritueux qui s’attendent à nombre de frayeurs entre annonces brutales, reculades soudaines et autres retournements de situation. Le pire pour approvisionner et développer des marchés. Président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), Gabriel Picard confiait récemment que la filière va devoir être endurante : « restons combatifs et gardons-nous aussi de surréagir sans stratégie. C’est un marathon qui s’engage, pas un sprint. Il va falloir faire preuve à la fois de fermeté et de pragmatisme. »

S’alarmant déjà d’une possible taxe de 25 % fin février, Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), pointait alors que « cette taxe frappe de plein fouet un secteur déjà fragilisé par les crises successives : inflation, aléas climatiques, baisse de la consommation ». Président des Vignerons Coopérateurs, Joël Boueilh confirmait que « le timing est terrible, dans un contexte où le jarret est déjà fléchi, où il y a un genou à terre pour beaucoup, voire les deux pour un grand nombre ». La crise géopolotique s'ajoutant à la crise viticole, le cocktail est explosif pour la filière vin.

Premier pays consommateur de vin au monde

Face à l’impulsivité apparente de Donald Trump, et de « sa stratégie du coup de menton », Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants appelait pour sa part la France et l’Europe à « ne plus avoir de faiblesse sur l’attitude à avoir face à quelqu’un qui souhaite agresser nos intérêts économiques. Il faut montrer que l’on est prêt au combat, si des secteurs économiques stratégiques comme les vins et spiritueux européens sont attaqués dans leur compétitivité sur le marché américain, premier pays consommateur monde ».

 

* : Alors candidat en meeting électoral le 5 janvier 2024 dans l'Iowa, Donald Trump racontait avoir « appelé le président de la France, Macron, vous le connaissez ? C’est un type vraiment sympa. Je l’ai appelé, j’ai dit : Emmanuel, j’ai entendu que vous alliez taxer à 25 % les entreprises américaines. Qui d’autre le fait ? Il m’a dit que "d’autres le feraient". Je lui ai dit "non, tu ne vas pas le faire Emmanuel". Il m’a dit "Donald c’est acté". Je lui ai dit qu’il vaudrait mieux le retirer. Parce que "sinon, vous allez payer 100 % de tarifs supplémentaires sur tous les vins et champagnes envoyés aux Etats-Unis à partir de cette nuit". Il m’a dit "non, non, non tu ne peux pas faire ça Donald !

- En fait je suis en train de la signer maintenant.

- Non, non, non ! OK Donald on ne le fait pas." C’était la fin de ça. C’était si facile. Et je pourrais vous raconter 200 histoires comme ça. »

Front uni de la filière des deux côtés de l’Atlantique

L'opposition aux taxes sur les vins et spiritueux est partagée par les opérateurs américains. « Le vin est un produit de célébration qui ne doit pas être utilisé dans les conflits commerciaux » posait récemment Linda Reiff, la présidente des Napa Valley Vintners (NVV), qui s'était rendue à Washington pour demander la levée des taxes douanières de Donald Trump à l’encontre des vins français lors du conflit transatlantique sur l’aéronautique. « Nous voulons tous être sur un pied d’égalité et ne pas être considérés comme des pions sur un échiquier » défendait Linda Reiff, pour qui des tarifs douaniers punitifs ne sont « pas une bonne chose. Nous ne voulons pas de taxes ni de barrières douanières ou commerciales contre quelques vins que ce soit. »

 

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Tous les commentaires (6)
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augustin Le 15 mars 2025 à 13:37:49
Ce qui est vraiment baroque c est l empressement avec lequel la planète bordeaux continue à inviter les journalistes américains pour la prochaine semaine des primeurs du millésime 24 et sa degustation d avril 25 .Wine spectator, wine avocate wine enthousiast , the wine cellar, vinous : les grands crus classes vont à nouveau courber l échine et baiser les babouches de cette Amérique triomphale .Et si tout à coup nous decretions que ces scores américains n étaient plus les bienvenus ? et que nos degustations ne leurs sont plus ouvertes ? Bien entendu ceci est impossible, et cela permet de mesurer à quel point notre petite planète vin s est laissée séduire par l "américan Dream "...Robert Parker avait des défauts mais c était un francophile absolu.Donald Trump est un francophone méprisant .Tenter de reconquérir un ex est souvent pathetique , partir à la conquête de nouveaux marches et de nouveaux critiques est autrement plus enthousiasmant. Qui est le critique du vin le plus lu en espagnol ? en portugais ? en indien ? voilà les prochaines questions à se poser , avant de déploiera nouveau notre tapis de prière devant l entrée du port de New York, sous le regard désormais méduse de notre concitoyenne , la statue de la liberté, qui pourtant en a vu d autres depuis son départ du parc Monceau ou elle est née , et où elle a grandi...Nous la retrouverons avec plaisir , mais après cette " parenthèse enchantée " :*) .
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GB Le 15 mars 2025 à 09:07:21
Arrêtons de nous tirer des balles dans le pied avec la loi Evin, donnons envie aux gens de profiter de nos beaux produits et concentrons nous à l'export sur les destinations favorables Trump est un mal, mais qui nous met face à nos propres handicap, il réveillera le sursaut patriotique qui nous manque et peut être aidera à refaire une Europe forte. Renforcement déjà effectif des rapports avec les anglais, les Allemands... Faisons la même chose contre lui et boycottons ses produits américains, ainsi pour lui la menace sera intérieure. Déjà wallstreet s'affole, le dollar en baisse et t'es tesla à perdu la moitié de sa capitalisation boursière @brian cummings merci, l'amitié franco-americaine perdurera au delà de Trump, mais pour les américains la sortie de coma sera dure. En France la vigne pousse depuis des millénaires, et poussera encore après Trump
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MG Le 13 mars 2025 à 17:33:13
Et la PAC avec cette ancienne notion de "prix garantie" serais un bon outil pour lutter contre cette politique en permettant de baiser le prix HT mais cela demande un peu de courage.
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Didier Le 13 mars 2025 à 15:57:26
On est morts.
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brian cummings Le 13 mars 2025 à 14:01:22
Je suis aussi en colère que n'importe lequel d'entre vous et je vis ici aux États-Unis. La plupart d'entre nous n'ont pas voté pour cela. Toute cette administration est une imposture.
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augustin Le 13 mars 2025 à 13:58:39
Il faut positiver : les américains eux mêmes ont une phrase pour se libérer d une relation toxique. "Do not enter à pissing contest with a skunk "... Donc vendons rapidement nos stocks déjà entreposés aux usa ...et partons definitivement à la conquête du mercosur et de l inde de m modi , le mal nommé. Et renforçons nos liens avec l Allemagne du Nord les pays scandinaves et les pays baltes , sans oublier le Canada.Nos grands vins rouges tranquilles et légèrement alcoolisés s accomodent bien à la consommation locale et le made in France a plutôt la cote ces temps ci : "un petit coin de parapluie " comme dit la chanson :*) Prowein Dusseldorf devrait permettre de réserrer ces liens, entre producteurs français enthousiastes ... et consommateurs transis plus consommatrices souvent très francophiles . Assez perdu de temps !
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