n brandissant ce 13 mars la menace d’imposer 200 % de droits de douanes sur les vins et spiritueux français en représailles aux mesures de rétorsion de Bruxelles sur des biens américains (dont des boissons alcoolisées, en réponse aux taxes de Washington sur l’acier et l’aluminium européens), le président des États-Unis, Donald Trump, a choqué les exportateurs de bordeaux, bourgognes, champagnes, cognacs… Mais ne les a pas surpris. « L’annonce confirme l’inadéquation de la réponse de la Commission européenne et la nécessité, pour les Etats membres de corriger rapidement les choses par une réponse solide mais intelligente » résume un communiqué de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), la filière demandant à être purement et simplement oubliée des conflits commerciaux ne la concernant pas.
Une demande qui n’a pas été suivie, les vins et spiritueux étant désormais mis au cœur des tensions diplomatiques entre Europe et États-Unis. « Cibler les vins de Californie ou les producteurs de Bourbon dans le Kentucky, qui sont à nos alliés et nos partenaires, est de toute évidence contreproductif » pour Gabriel Picard, le président de la FEVS, qui demande « aux autorités françaises au plus haut niveau qu’elles interviennent auprès de la présidente de la Commission européenne [Ursula von der Leyen] pour retirer dès maintenant tous les vins et tous les spiritueux américains des contremesures européennes » sur l’acier et l’aluminium. Donald Trump ayant annoncé que sa menace de taxes à 200 % serait suspendue dès que l’Europe cesserait de vouloir taxer à 50 % les whiskies américains.


Tombant sur une filière viticole en crise, cette menace de nouvelles taxes Trump* fait peser de lourds risques sur l’emploi d’entreprises fragilisées par la succession d’aléas climatiques et économiques. Concrètement, des taxes de 200 % « auraient pour effet de stopper nos exportations de vins et spiritueux vers les Etats-Unis » alerte Gabriel Picard. Une telle augmentation des prix faisant sortir les bouteilles du marché, comme ont pu le constater les vins australiens en Chine (116 à 218 % de 2021 à 2024). Premier marché mondial de consommation de vin, les États-Unis sont aussi la première destination export des vins et spiritueux français avec 3,8 milliards d’euros de ventes expédiées en 2024 (un quart du chiffre d’affaires export). Des taxes de 200 % mettant un terme à cette activité, « ce n’est même pas envisageable » martèle Gabriel Picard.
* : Les premières taxes Trump datant du conflit Airbus/Boeing et s’étant matérialisées avec 25 % de droits ciblant les vins et spiritueux français d’octobre 2019 à mars 2021 (avant d’être suspendue pour 5 ans par l’administration Biden, jusqu’en juin 2026).