’en est trop pour le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). Réagissant à chaud à la menace des 200 % de taxes sur les vins et spiritueux français par la président des États-Unis, Donald Trump, les représentants de l’eau-de-vie charentaise l’affirment : « nous sommes consternés par l’annonce faite ce jour et par la mise en danger incompréhensible dont nous sommes victimes. Depuis plusieurs semaines, tout le secteur des vins et spiritueux et au sein de celui-ci le Cognac alerte les autorités européennes et françaises sur le fait que leur projet de taxer le whisky et le bourbon américains en rétorsion aux taxes décrétées par l’administration américaine sur l’acier et l’aluminium européens nous mettait en très grand danger, en nous exposant en retour à d’importantes rétorsions sur le marché américain qui est notre premier débouché avec près de 50 % de nos expéditions. »
Des demandes de mettre à l’écart les vins et spiritueux qui n’ont rien changé à la stratégie communautaire, la Commission européenne intégrant les whiskies américains dans la liste des produits ciblés par des mesures de rétorsion. Désormais entraînés dans un tour de manège dont les secousses s’annoncent aussi violentes qu’imprévues, les cognacs ne peuvent que constater amèrement qu’ils avaient prévenu les autorités. « La réponse américaine a malheureusement correspondu à nos craintes et si elle est confirmée elle pourrait être plus dure encore que redouté » prévient le BNIC, qui rappelle les coûts économiques et sociaux que peuvent représenter une chute des expéditions sur « notre secteur, qui génère 70 000 emplois en France, fait vivre 250 entreprises de négoce et 4 400 viticulteurs et leurs familles ».
Ombres chinoises
Le risque de casse est d’autant plus concret pour Cognac qu’elle se dit « sacrifiée deux fois de suite en quelques mois du fait de décisions politiques européennes qui ne la concernent pas ». Ce conflit américain sur l’acier et l’aluminium s’ajoutant à celui chinois sur les voitures électriques, qui s’est traduit par l’ouverture en janvier 2024 par Pékin d’une enquête antidumping ciblant Cognac se concrétisant par des cautions douanières depuis octobre 2024 et d’importantes chutes de commercialisation (-50 millions €/mois). Ayant également prévenu les autorités européennes sur les répercussions économiques d’une escalade diplomatique, le BNIC répète ses demandes d’intervention du premier ministre, François Bayrou, conformément à l’engagement du président Emmanuel Macron, en novembre dernier à Rio et en janvier à l’Élysée. Il faut « concrétiser les négociations bilatérales avec la Chine » plaide l’interprofession charentaise, rapportant que « le Cognac est déjà en train de perdre son deuxième marché, la Chine, du fait de taxes imposées par les autorités chinoises en réponse à la décision prise par l’Europe et la France de surtaxer les voitures électriques chinoises. Malgré toutes nos alertes et les promesses faites au niveau français et européen, le règlement politique de ce dossier totalement politique n’est toujours pas intervenu. »
Un message qui sera porté à François Bayrou lors de son déplacement ce vendredi 14 mars sur le site d’Alstom et à la préfecture de La Rochelle (Charente-Maritime).