ans un communiqué patronal inhabituellement remonté, le Syndicat des Maisons de Cognac (SMC) et l’Union Patronale de la Charente (affiliée au MEDEF) s’emportent en dénonçant « 14 mois d’inaction » (depuis l’ouverture de l’enquête chinoise le 5 janvier 2024) et de chutes des ventes de spiritueux en Chine (des cautions douanières étant en vigueur depuis octobre 2024), alors que « la filière Cognac est l’otage d’un conflit commercial dont elle n’est pas responsable » (le conflit entre Pékin et Bruxelles sur les voitures électriques). Malgré l’engagement officiel en novembre dernier à Rio et ce 6 janvier à l’Élysée du président Emmanuel Macron sur la tenue de négociations entre premiers ministres français et chinois durant le premier trimestre 2025, le chef du gouvernement François Bayrou n’a toujours pas annoncé de déplacement en Chine pour apaiser la relation avec son homologue Li Qiang.
Si le premier ministre a indiqué ce 26 février à la filière charentaise faire de son sauvetage une priorité diplomatique, sa venue ce vendredi 14 mars à La Rochelle (Charente-Maritime) ne sera pas l’occasion d’un point d’étape avec les représentants de Cognac qui s’impatientent d’autant plus qu’ils ne veulent plus de l’écoute bienveillante, mais des actions aux conséquences sonnantes et trébuchantes.
Il faut dire qu’il y a urgence : comme annoncé le 25 décembre 2024 par le Ministère du Commerce de la République populaire de Chine (MOFCOM), la fin de l'enquête antidumping est fixée au 5 avril. Pour imposer des taxes dès cette date, Pékin doit envoyer une information officielle 15 jours avant leur mise en œuvre : ça urge donc pour les négociants charentais, mais aussi leurs salariés, les viticulteurs, leurs fournisseurs… En somme tout le tissu local charentais dans un effet domino délétère.


Alors que des signaux inquiétants montent des États-Unis (premier marché en volume de Cognac), la situation est déjà grave en Chine (première destination en valeur). « Face aux mesures antidumping chinoise, l’inaction du gouvernement provoque une véritable hémorragie économique et sociale : exportations en chute libre (-70 % en février), 50 millions d’euros de pertes chaque mois, investissements gelés, restructurations d’entreprises en perspectives et premières vagues de licenciements » alertent le SMC et l’Union Patronale de la Charente, martelant qu’« aucune maison, aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne peut absorber seule un tel séisme ». Qu’il s’agisse d’un grand groupe du CAC 40 ou d’une maison familiale des bords de Charente, même combat plaident les syndicats patronaux. Qui mettent donc la pression : « dans 15 jours, le gouvernement chinois prendra sa décision : repousser sa décision de quelques mois ou notifier les taxes définitives. Cognac en appelle aux autorités : il est temps d’agir ! » Et de faire tourner la Bayrou de la fortune ?