n 2024, les opérateurs de Cognac ont expédié 166 millions de bouteilles pour quasiment 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit +0,4 % en volume et -10,6 % en valeur par rapport à 2023 rapporte le Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC). « Il est à noter que dans un contexte géopolitique et économique mondial incertain ayant affecté tout le secteur des spiritueux au niveau international, les expéditions du Cognac ont connu une stabilisation sur l’année civile » analyse l’interprofession charentaise, pointant que « cet écart entre variation de volume et de valeur s’explique essentiellement par une forte hausse des expéditions de cognacs de jeune qualité (+ 13,7 % tous pays confondus) corrélée à une baisse des qualités VSOP et XO (respectivement - 8,6 % et -26,4 %) résultant notamment de la procédure antidumping touchant le Cognac en Chine, lancée le 5 janvier 2024 ».
Il y a en effet deux salles et deux ambiances pour les ventes de Cognac. D’un côté le premier marché en volume, les États-Unis, porté sur le VS, qui renoue avec la croissance « confortée particulièrement sur la fin de l’année, est liée au bon comportement de l’économie américaine et au travail de déstockage mené sur l’année » souligne le BNIC. Globalement, l’Amérique du Nord augmente fortement de 15 % ses importations de cognac en volume (pour atteindre 70,6 millions de cols), mais réduit en regard leur valeur de 1,5 % (à 1,12 milliard €). Une performance qui pourrait être alimentée par l’incertitude sur le retour d’une guerre commerciale avec les États-Unis, la nouvelle administration du président Donald Trump faisant des augmentation de droits de douane un levier de négociation diplomatique : de quoi privilégier le stockage de précaution ? « C’est une possibilité qui peut être envisagée mais que nous ne sommes pas en mesure de confirmer » réagit le BNIC.
-24 % en valeur en Chine
La question des taxes ne se pose pas pour l’Asie, où la Chine impose depuis le 11 octobre 2024 un cautionnement (ayant sabré les commandes pour le nouvel an asiatique) dans le cadre de l’enquête antidumping (en cours depuis un an dans le cadre du conflit sur les voitures électriques entre Pékin et Bruxelles). Alors que la demande chinoise était déjà ténue, crise économique oblige, cette pression douanière a « déjà un impact très visible sur nos exportations vers la Chine qui, sur toute l’année 2024, représentaient 28,97 millions de bouteilles expédiées, soit une baisse en volume de 9,6 % par rapport à 2023 et une baisse en valeur de 23,8 % » précise le BNIC, qui note une « forte baisse sur la période octobre-décembre » (mais ne communique pas ces chiffres). Face aux impacts économiques d’un dossier purement géopolitique qui ne la concerne pas, la filière Cognac en appelle aux politiques et diplomates français pour sauver son deuxième marché en volume et premier en valeur. « La baisse très marquée de nos expéditions vers la Chine depuis octobre dernier rend plus nécessaire que jamais une solution politique rapide au problème des taxes chinoises » alerte le BNIC, pour qui « le premier ministre Bayrou doit très vite confirmer son déplacement en Chine comme cela avait été annoncé par le président de la République ».