tudiant ce jeudi 30 janvier 2025 une proposition de résolution européenne sur le « respect à l’importation de normes de production équivalentes aux normes applicables » en Europe, les députés n’ont pas manqué de marquer des points de vue nettement différents sur les performances à l’export de la ferme France. « Certes, la balance commerciale agricole de la France est excédentaire et nos exportations rapportent de l’argent. Mais ces revenus profitent-ils équitablement à tous les agriculteurs de France ? » pose Manon Meunier (Haute-Vienne, La France Insoumise). La rapporteure de la commission des affaires étrangères jugeant que « non, seule une petite poignée en bénéficie » et que de plus « l’excédent commercial de la France a reculé de 43 % en 2023 en raison du contexte géopolitique tendu. Les revenus d’exportation sont donc instables ! Ce n’est pas en nous appuyant sur nos exportations que nous pourrons asseoir notre souveraineté alimentaire et protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale. »
Réagissant à un « plaidoyer en faveur du repli », Laurent Saint-Martin, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, réplique que « pour vous, la recherche de la souveraineté alimentaire – un objectif que nous partageons tous – et l’amélioration de la balance commerciale, grâce à l’augmentation des exportations de la filière agricole, sont antinomiques. Mais ce n’est absolument pas le cas – les vases ne sont pas communicants ! » Il n’y a pas que les vases qui ne communiquent pas, le gouvernement n’arrivant visiblement pas avec les élus du Nouveau Front Populaire. « Notre débat illustre deux visions de l’agriculture » tacle la députée Mathilde Hignet (Ille-et-Vilaine, La France Insoumise), qui l’affirme : « nous ne souhaitons pas que l’agriculture s’appuie sur l’exportation pour se développer, car cela fragilise les filières – regardez la viticulture. Nous ne souhaitons pas que les agriculteurs entrent en compétition, ni à travers le monde, ni à l’échelon national. Nous préférons qu’ils coopèrent sur un même territoire et produisent des aliments afin de nourrir leurs voisins. »


Face au gouvernement, le député Benoît Biteau (Charente-Maritime, Écologiste) répond pour sa part au ministre délégué qu’« à vous entendre, on a l’impression que les accords de libre-échange sont l’alpha et l’oméga et que, sans eux, les échanges planétaires n’existeraient pas » mais « pensez-vous que les producteurs de cognac, qui exportent 98 % de leur production, ont attendu les accords de libre-échange pour prospérer ? C’est bien la preuve que l’on peut commercer sans ! » Ajoutant que « si l’on s’en tient aux besoins alimentaires primaires, notre balance commerciale est quasi nulle », l’ancien eurodéputé pointe que « l’excédent agroalimentaire français s’élève à 5 milliards d’euros, mais de quoi s’agit-il ? D’exportations de tournesol, de maïs ou de blé, ainsi que de produits qu’on pourrait qualifier de produits de luxe, avec lesquels je ne suis pas fâché – cognac, vins de Bordeaux ou de Bourgogne, champagne. » Pour Benoît Biteau, il y a une communication entre cultures exportatrices et nourricières : « si nous ne suivons que des logiques exportatrices, nous nous rendons forcément dépendants d’importations et votre balance commerciale, elle ne tient plus ».
Indiquant être « d’accord avec l’essentiel » des propos du député écologiste, Laurent Saint-Martin confirme que « l’export n’attend évidemment pas les accords de libre-échange », mais ajoute que « les filières que vous mentionnez demandent des accords de libre-échange, à commencer d’ailleurs par la filière du cognac. Ce n’est pas parce qu’on peut exporter sans accord de libre-échange que ces accords ne sont pas susceptibles de servir l’intérêt de ces filières. Et si vous croyez que le cognac, c’est seulement Bernard Arnault – vous ne parlez que de lui depuis le début de la séance –, allez donc rencontrer les producteurs pour voir si c’est vrai. » Le ministre délégué résumant le débat à un positionnement « oui ou non la libéralisation des échanges de produits agricoles peut-elle créer des opportunités en matière d’exportations ? »