’est la goutte de no/low qui fait déborder le vase. « Le mercredi 26 février, la Commission européenne a modifié le règlement bio pour autoriser le procédé de désalcoolisation totale des vins certifiés en agriculture biologique » tance un communiqué de presse de la Confédération Paysanne. Y voyant une « déréglementation accélérée concernant l’ensemble des vins », le syndicat agricole minoritaire fustige un « procédé industriel est une fausse solution face à la crise majeure qui touche les vignobles européens et va à l’encontre de l’autonomie des viticulteurs et viticultrices et de leur pérennité économique ». Même si les opérateurs des vins sans alcool martèlent que la désalcoolisation n’a pas vocation à éponger les excédents de vins sans marchés (« le vin sans alcool de qualité peut être l’une des solutions » mais pas LA solution répète le collectif no/low) « la crise viticole ne se résoudra pas en désalcoolisant les vins ! » clame la Confédération Paysanne, réfutant toute idée de tenter d’ajouter une corde supplémentaire à l’arc du vignoble.
« L’argument de créer un segment de marché pour réveiller la consommation de vins est illusoire » indique le communiqué, estimant que « la dépendance aux entreprises spécialisées dans la désalcoolisation (usant de procédés coûteux en investissement et en énergie) réduit drastiquement l’autonomie des vignerons et vigneronnes […] face à une production industrielle (à base de taille rase et d’irrigation) et à la mainmise du négoce, capables de produire des vins désalcoolisés en grande quantité ».


Critiquant l’approche industrielle et intrusive de la désalcoolisation, la Confédération Paysanne critique le concept même de vins désalcoolisé. « L’appellation "vin" est historiquement et réglementairement liée à la fermentation naturelle du raisin et à un savoir-faire précis » relève le syndicat, pointant que « si des produits désalcoolisés entrent dans cette catégorie, les consommateurs et consommatrices risquent de ne plus faire la distinction entre un vin traditionnel et un produit industriellement modifié. Cette confusion pourrait à terme décrédibiliser l’ensemble des vins, plutôt que d’ouvrir des nouveaux marchés à la filière. »
Autre argument des anti-vins sans alcool repris par la Confédération Paysanne : le paradoxe de cultiver la vigne pour gorger de sucre des grappes, « de faire fermenter du jus de raisin, pour ensuite le désalcooliser à grand renfort d’énergie, d’adjuvants, et de stabilisants. Ne serait-il pas plus judicieux de partir du jus de raisin lui-même, à moins de vouloir profiter de l’image du vin pour en usurper le nom pour un produit qui n’en aurait, justement, plus que le nom ? »
Reprenant les propositions poussées lors des dernières élections aux chambres d’Agriculture, la Confédération Paysanne soutient que « les vignerons et vigneronnes ont besoin d’une restructuration cohérente et de soutien qui privilégient des actifs agricoles nombreux plutôt que des outils qui continuent de les assujettir à toujours plus d’industrialisation. »