ors de la journée technique organisée ce 21 janvier par le syndicat des côtes de Provence sur le thème de l’adaptation au changement climatique, une viticultrice interroge Elisa Marguerit (Bordeaux Sciences Agro), Laurent Audeguin (IFV), Olivier Zekri (Laboratoire Novatech, Mercier) et Gilles Masson (Centre du Rosé) à l’issue d’une table ronde sur l’évolution de l’encépagement provençal. Les experts ont notamment évoqué les premières vinifications de 60 génotypes issus du croisement entre les emblématiques rolle et cinsault et des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium et adaptées au changement climatique. « Vous expliquez que les meilleurs candidats ne pourront, au mieux, être plantés que dans 8 ans, à l’issue du processus de Valeur Agronomique Technologique et Environnementale (VATE). Comme l’ensemble de vos travaux s’inscrivent-ils sur la durée alors que le climat évolue rapidement, ne peut-on pas travailler sur l’architecture des souches pour gagner du temps ? » demande-t-elle.
« Si, bien sûr. Il n’y a pas que l’adaptation matériel végétal, il faut se battre pour plusieurs fronts face au changement climatique, lui répond Gilles Masson. Et même si c’est un sujet délicat, il faut par exemple continuer à travailler sur le rognage pour adapter le rapport feuilles/fruits ». Elisa Marguerit pense aussi à la densité de plantation, et à la hauteur du tronc. « Il faut utiliser tous ces leviers et faire l’inverse de ce qu’on a appris à l’école, et ne recherchant plus la maturité précoce et la concentration en sucres des baies mais en tirant les mêmes ficelles le sens inverse ».
Eric Pastorino est d’accord avec ce besoin de retour en arrière sur les pratiques culturales. Siégeant à l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) depuis 12 ans, le président du Centre interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) encourage les Organismes de Défense et de Gestion (ODG) et vignerons à se saisir du nouveau dispositif d’évaluation des innovations (DEI) au vignoble ou au chai. Le responsable du développement durable du syndicat des côtes de Provence Antoine Mathias abonde dans son sens. « Même s’ils paraissent contraignants, les cahiers des charges des appellations permettent déjà une certaine latitude sur la hauteur du tronc, le rognage, et l’épaisseur du feuillage, mais il faut aller plus loin et ne surtout pas hésiter à nous solliciter pour nous demander de tester des techniques que vous avez vues aux Etats-Unis, en Australie, ou ailleurs ! » Le syndicat des côtes de Provence va d’ailleurs prochainement lancer une « traque à l’innovation » sur l’architecture de la vigne pour déposer un DEI cette année.


« Sur l’architecture de la vigne, comme sur tout ce qui a trait à la transition climatique et écologique, il faut essayer, essayer, essayer, il n'y a que comme cela que nous trouverons des solutions !, martèle encore Nicolas Garcia, le directeur du syndicat des côtes de Provence. Il faut traduire toutes les bases scientifiques en quelque chose de concret au vignoble, et, comme le dit Eric Pastorino, trouver des manières de mutualiser le risque économique, car les viticulteurs ne peuvent pas être les seuls à assumer le coût de la transition ».