ctée en avril dernier par l'Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), l’ouverture à la désalcoolisation partielle des vins à Indication Géographique Protégée (IGP) jusqu’au niveau plancher de 6°.alc (contre 8,5 à 9°.alc actuellement selon les zones) suscite l’intérêt concret de trois Organismes de Défense de Gestion (ODG). Récemment validées par leurs conseil d’administration, les demandes de modification des cahiers des charges des vins IGP Atlantique, Comté Tolosan et Pays de la Loire vont être portées début 2025 pour aboutir au plus vite sur une offre de vins allégés en alcool sous Indication Géographique.
« On a l’ambition de commencer la production de vins partiellement désalcoolisés pour la récolte 2025 » pose Christophe Bou, président du syndicat de défense du Comté Tolosan (entre 180 et 200 000 hl produits sur les 12 départements du bassin Sud-Ouest : en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine). « On vise plutôt la récolte 2026 » avance prudemment Élisabeth Galineau, directrice du syndicat des producteurs des vins IGP Atlantique (1 200 opérateurs pour une production de 85 000 hectolitres sur 5 départements de Nouvelle-Aquitaine). Dès la décision du Comité national de l’INAO IGP d’autoriser la désalcoolisation sur cette catégorie de vin, les IGP du Val de Loire (250 000 hl sur 14 départements) se sont prononcés favorablement pour une baisse du taux d’alcool acquis jusqu’à 6 % vol. D’abord en Conseil d’administration au printemps, puis tout récemment, en assemblée générale où les producteurs ont validé la modification du cahier des charges
Ouverture à l’innovation
Présidente de l'ODG IGP Val de Loire, Catherine Motheron est par nature pragmatique. « S’il y a un marché à prendre, il ne faut surtout pas empêcher nos producteurs d’en profiter ». Sur l’étiquette, sera indiqué : Vin partiellement désalcoolisé IGP du Val de Loire. Face à la déconsommation actuelle du vin, « on est obligés de s’exercer à innover » confirme Christophe Bou, pour qui les vins IGP à 6°.alc vont permettre de proposer une offre plus accessible et moderne auprès de jeunes consommateurs plus portés sur la bière, dont les degrés se rapprochent ainsi. « Il faut leur apporter quelque chose de complétement différent. Sans oublier nos racines, je suis d’accord, mais en comprenant que les nouveaux consommateurs ne connaissent pas le vin » pointe le viticulteur du Tarn, qui ne veut pas se bercer d’illusion : « on ne va pas vendre demain tous nos volumes en les désalcoolisant. Mais proposer des vins IGP partiellement désalcoolisés va permettre d’aller sur des marchés dont on ne connait pas aujourd’hui les volumes et la valeur. On ouvre le portail de la désalcoolisation. »


D’autant que certains opérateurs produisent déjà de tels produits en vin de France pointe Élisabeth Galineau, qui souligne que la possibilité de passer ces vins partiellement désalcoolisés est cohérente avec l’image de l’IGP Atlantique : « des profils simples, frais et fruités. Avec de fortes exigences pour la dégustation. Ces vins partiellement désalcoolisés seront dégustés pour être agréés avant la désalcoolisation et après la désalcoolisation. Il ne faut pas de défaut. » Il faut en somme que ces vins aient pu être en IGP avant d’être désalcoolisés. Une obligation partagée par l’IGP Comté Tolosan. Techniquement, les modalités de désalcoolisation autorisées reprennent les technologies actuellement autorisées (osmose inverse, distillation sous vide et colonne à cônes rotatifs) et une à l’essai (l'expérimentation de flash détente sur moût en cours de fermentation).
Avec ces technologies, « on considère que l’on fera bon à 6°.alc » résume Christophe Bou, notant que pour aller en deçà, il faut déposer auprès de l’INAO une demande de Dispositif d'Évaluation des Innovations (DEI). Pour descendre encore le titre alcoolique en IGP, cela dépendra des « évolutions qualitatives des techniques de désalcoolisation et des profils des produits qui seront obtenus » acte Éric Paul, le président du comité des vins IGP de l'INAO. Le viticulteur varois plaidant pour une approche du sujet des vins désalcoolisés dépassionnée et concrète : « on ne veut pas se couper de ce pan de marché là. Ça ne va pas révolutionner tout le marché du vin, mais ajouter une corde à l’arc. »