ur quoi travaillent les ingénieurs de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) ? « Sur quatre sujets majeurs, essentiellement grâce au soutien financier du ministère de l’Agriculture, résume Christophe Riou, son directeur, lors d’une conférence de presse tenue ce 27 novembre sur le salon Vinitech. L’adaptation des produits aux attentes des consommateurs, l’innovation variétale, la résilience face au changement climatique, et le retrait des matières actives », détaille-t-il.
Pour aider les viticulteurs à proposer des produits adaptés au marché, l’IFV a par exemple suivi plusieurs essais d’évaporation partielle sous vide dans des caves en IGP Atlantique et Méditerranée. « L’objectif était de valider l’efficacité de la technologie et coordonner les demandes d’autorisation et le suivi entre les différents partenaires et l’administration (douanes, DGCCRF, INAO) », décrit Valérie Lempereur, directrice de la valorisation. Dans le cadre du projet VDLow lancé en septembre dernier, l’IFV va également tester la désalcoolisation partielle des vins issus des principaux cépages ligériens pour aider plusieurs appellations, comme celle des vins du Muscadet, à trancher sur l’ouverture des cahier des charges à cette nouvelle pratique. « D’autres travaux vont être engagés cette année avec Pera-Pellenc dans les AOP Ventoux et Luberon sur une machine mobile de désalcoolisation partielle inspirée de la flash-détente », continue Valérie Lempereur.
Pour anticiper les demandes des consommateurs, l’IFV s’attache également à calculer l’empreinte carbone des vins No-Low.
Sur l’innovation variétale, l’IFV prépare l’arrivée en 2029-2030 des variétés résistantes à typicité régionale, encourage le déploiement des Resdur 1 et 2, actuellement plantées sur un millier d’hectares, et suivies via le réseau Oscar, « qui va encore être renforcé, en collaboration avec l’Inrae, les interprofessions, et les pépiniéristes », d’après Christophe Riou. L’IFV a également créé dans le cadre du projet Decade un outil d’aide à la décision (OAD) destiné à guider les Organismes de Défense et de Gestion (ODG) dans le choix des variétés d’intérêt pour l’adaptation (VIFA) au changement climatique à ajouter à leur cahier des charges. « Nous leur proposons aussi des vinifications en petits volumes, organisons des dégustations pour les aider à se décider, et les aidons à porter leur demande auprès de l’INAO », indique Valérie Lempereur. Une fois les variétés à l’essai chez les viticulteurs, « dans une limite de 5 % de leur surface en AOP et de 10 % des assemblages », l’OAD permet de collecter de la donnée sur leur comportement agronomique et leurs caractéristiques sensorielles pendant 10 ans.
Les représentants de l’IFV abordent ensuite le projet Vitilience, pour lequel ils sont chargés de construire et d’animer un réseau de 20 démonstrateurs régionaux mettant en œuvre une combinaison de pratiques visant à augmenter la résilience du vignoble face au changement climatique. « 4 lauréats ont déjà été retenus suite au premier appel à projets clôturé le 19 septembre », révèle Christophe Riou, « un à Bordeaux, un en Corse, un dans le Val de Loire, et un dans le Beaujolais ». Promettant d’en dire plus en 2025, quand les projets seront bien ficelés, il annonce aussi pour l’année prochaine le lancement du "Climat Tour", dans tous les bassins, sur le format du "PNDV Tour", pour assurer le transfert des connaissances à tous les viticulteurs.
Mildiou et black rot
L’IFV a enfin été mandaté par l’Etat pour animer la cellule "vigne" du Plan d’anticipation du retrait des substances actives et développement d’alternatives (PARSADA). La mission a été confiée à Eric Chantelot, directeur régional du pôle Rhône-Méditerranée de l’IFV et expert de la protection des plantes, en collaboration avec une vingtaine de partenaires, dont l’Inrae et Bordeaux Sciences Agro. « L’objectif est d’inventer l’itinéraire technique de demain en couplant le matériel végétal, l’identification de nouveaux gènes de résistances, la prophylaxie, le biocontrôle, les biostimulants… », décrit-il, ayant déjà mobilisé sept ingénieurs sur un premier projet, baptisé "Savoir", axé sur le mildiou et le black rot, avec une étude sur le cycle sexué de ces maladies et des essais de retrait des feuilles pour limiter le stock d’inoculum de mildiou ou black rot dans le sol et optimiser l’utilisation des produits de biocontrôle. « Nous allons aussi nous pencher sur la question du volume d’application au champ, qui semble devoir être revu à la hausse et n’est malheureusement peut-être pas compatible avec les pulvérisateurs pneumatiques actuels », prévient Eric Chantelot.