vec un objectif gouvernemental de -46 % d’émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture d’ici 2050, les pouvoirs publics pressent de plus en plus la filière viticole de se doter d’un dispositif d’évaluation à l’échelle des exploitations. L’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) a fait un grand pas en ce sens avec la création de GES&Vit.
« Il s’agit d’un outil d’évaluation de l’emprunte carbone sur la partie viticulture de l’exploitation uniquement », précise Émilie Adoir, chargée de mission évaluation environnementale de l’IFV, lors d’une présentation au Sitevi 2021, annonçant que «l’outil pourra mesurer l’impact des opérations de vinification, conditionnement, et des expéditions dans un second temps ». À ce jour, seuls les organismes professionnels, comme les chambres d’agriculture et les interprofessions, ont accès à GES&Vit. Il faudra donc se rapprocher de ces organismes pour évaluer son domaine.
Concrètement, cet outil en ligne consiste en un fichier excel à remplir avec des données de l’exploitation. « Ce sont des données connues du viticulteur : densité de plantation, distances entre les vignes et le lieu de vinification, quantités de produits phyto, nombre de passages, type de tracteur, par exemple », détaille Émilie Adoir. Il est possible d’effectuer le diagnostic de l’exploitation dans son ensemble. Mais aussi – et c’est l’option conseillée par l’IFV – de découper l’activité en modes de conduite types, pour pouvoir comparer leurs bilans respectifs.
Les résultats sont exprimés en kg de CO2 émis par hectares chaque année. Le graphique détaille, pour chaque mode de conduite, la part de chaque opération : traitements, fertilisation, ou encore récolte. L’outil propose également une lecture plus précise. Par exemple, pour la fertilisation, il sera indiqué si ce sont les émissions au champ, la fabrication des engrais ou encore le carburant utilisé pour l’épandage qui émettent le plus de gaz à effet de serre. Le potentiel de stockage de carbone dans les sols n’est pas encore pris en compte, mais le sera « prochainement ».


Thomas Canonier, du Vinipole Sud Bourgogne, a pu tester l’outil avec des parcelles de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. « C’est très instructif, on peut obtenir des résultats surprenants. La récolte, qui s’étalait sur trois ou quatre jours, représentait 15 % des émissions brutes. Nous avons immédiatement fait le lien avec le transport des raisins, qui vont à une coopérative située à près de 30km. »
Objectif pour l’entreprise diagnostiquée : dégager des pistes d’amélioration. Et, à terme, accéder au marché du carbone via le Label Bas Carbone. « C’est aussi une démarche personnelle, en lien avec la demande sociétale, qui peut évoluer rapidement», relève Émilie Adoir. Le diagnostic, payant, pourra être financé à 90 % pour les agriculteurs installés depuis moins de 5 ans, dans le cadre des bons diagnostics carbone.