our la première fois de son histoire plus que millénaire, le château de Poncié, à Fleurie, prend part à la fête des beaujolais nouveaux. Une décision qui « tenait au cœur de la nouvelle équipe » mise en place après le rachat du domaine en 2020, explique Alexis Cuzenard, arrivé l’an dernier comme responsable commercial. Au cours des dernières années, le domaine a obtenu la certification bio sur ses 32 ha de vignes, développé l’agroforesterie et le vitipastoralisme et rénové son chai. Il lui fallait relever un nouveau défi.
« L’idée n’était pas de faire la même cuvée que tout le monde, reprend Alexis Cuzenard. Avec notre chef de culture et maître de chai Eddie Lachaux, nous avons voulu proposer une microproduction vraiment qualitative en testant une technique de vinification qui est, à ma connaissance, inédite vue en beaujolais nouveau. » Car toute la vinification s’est faite en amphore, à l’exception d’une semaine en cuve inox après le pressurage et avant le soutirage. Dans le détail, les raisins issus de vignes de trente ans ont été encuvés à froid en grappes entières, puis ont passé dix jours de macération carbonique et fermentation en amphore, en levures indigènes et sans intrants. Après un pressurage, la fin de fermentation s’est déroulée en cuve inox avant soutirage et remise en amphore.
« C’était un pari car nous n’avions aucune antériorité sur l’utilisation de l’amphore, et nous sommes très contents du résultat, partage Alexis Cuzenard. L’amphore permet de préserver la fraîcheur et le fruit : on obtient un vin très friand, très croquant, ce qui est très caractéristique du gamay jeune. » Le choix de ce contant atypique est aussi « un hommage à l’histoire du domaine, qui remonte à 949 et a appartenu aux moines de l’abbaye de Cluny ». Cette petite série de 2000 bouteilles (la contenance de l’amphore) a déjà été vendue en pré-commande auprès de cavistes et restaurateurs principalement à Lyon et Paris. Le château en a gardé une partie qui sera vendue sur place lors de la journée portes ouvertes organisée le weekend suivant la sortie des primeurs « pour profiter de l’occasion ». Là encore, il s’agit d’une première sous ce format, bien que le château reçoive beaucoup de visiteurs dans le cadre de prestations oenotouristiques.
L’accueil réservé par les professionnels s’est montré à la hauteur des espérances. « La vinification en amphore apporte de la nouveauté qui a beaucoup plu, constate le responsable commercial. Cette cuvée participe aussi à la démystification du domaine, en montrant un style de vins différent de ce que l’on fait habituellement. Cela permet de toucher un autre public et d’accrocher une clientèle professionnelle différente, plus sensible aux vins dans la fraîcheur et la légèreté. Et avec son joli positionnement qualité-prix à 10 € la bouteille, cela fait un bon produit d’appel pour nos autres cuvées. »