e vrais primeurs comme dans le temps : « on en a fini avec la concentration des 2022 un peu lourds et alcooleux : les beaujolais nouveaux 2024 présentent un profil très frais, gouleyants avec un joli fruit », annonce le courtier en vin Olivier Richard. Suite aux vendanges tardives, « les vins ont commencé à être prêts il y a seulement une dizaine de jours [autour du 4 octobre] et les achats ont commencé dans la foulée : ça échantillonne, ça goûte, ça trie... », rapporte-t-il, estimant que le négoce a « matière à sélectionner de belles cuvées. »
De ce côté-là, Philippe Bardet, dirigeant de la maison Jean Loron, se dit aussi satisfait de la qualité « très primeur » de ce millésime sans surmaturité : « un produit différent des autres vins, sans réel concurrent, donc attendu ».
Acheteurs au rendez-vous
Au 14 octobre, le négociant s'affiche serein : « Mon pronostic à date est qu'il se vendra autant de beaujolais nouveau que l'an dernier à l'échelle du vignoble », annonce celui qui pense même faire un peu mieux à l'échelle de la maison Jean Loron. A l'export, « les cartes sont rebattues au Japon, qui reste le premier débouché des primeurs, mais les nouveaux acheteurs compensent à peu près ceux qui arrêtent, détaille-t-il. La demande reste correcte ailleurs, notamment aux Etats-Unis et en Europe du Nord. La grande distribution française fera à peu près comme l'an dernier. Il reste à valider le réseau traditionnel qui, comme toujours, démarre ses achats tardivement. Mais pour l'instant, les commandes ne sont ni en hausse ni en baisse. »
Sur la deuxième semaine de campagne, le courtier Olivier Richard observe un « ralentissement sur les Beaujolais Villages, mais qui n'inquiète pas car la récolte 2024 a été assez faible et il y a des marchés sur les beaujolais villages de garde. » Au total, le vignoble beaujolais s'attend à produire entre 400 000 et 430 000 hl, tous types de vins confondus.
Cours reconduits
Face à une demande stable, les cours se maintiennent. « On pensait que le marché s'établirait autour de 280 €/hl pour les beaujolais et 290 €/hl pour les beaujolais villages, et on est plutôt à 290 et 300 €/hl », reprend Olivier Richard. Le négociant Philippe Bardet n'est pas surpris : « notre production n'évolue qu'à la baisse pour différentes raisons : nous n'en sortirons que par le haut grâce à une meilleure valorisation. »
Pour celui qui a fait de « la montée en gamme » le mantra de sa présidence à l'Interbeaujolais jusqu'en juillet dernier), le beaujolais nouveau doit lui aussi être tiré vers le haut. « Même si l'on a pas à en supporter les stocks, un primeur demande autant de travail qu'un vin de garde, assène-t-il. De plus, les rendements ne sont pas non plus pléthoriques : cette année, on fait moins de 40 hl/ha en beaujolais et 33-34 hl en villages. Il n'y a pas de raison d'en faire un produit d'appel à bas prix, un primeur peut tout à fait se vendre 15 € en boutique. D'autant qu'il est là pour entretenir un esprit de fête à une période de l'année où tout le monde en a besoin ! »