ans la zone de production du Beaujolais, les vendanges des crémants devraient commencer tout début septembre, puis entre le 5 et le 10 pour les vins tranquilles, « voire un peu plus tard dans la partie sud de l’appellation, aux terres argilo-calcaires plus profondes », note Yoan Pitoiset, consultant pour le centre ICV Grand Beaujolais de Saint-Étienne-des-Oullières. Cette récolte sera l’aboutissement d’une saison culturale que le co-président de l’ODG Beaujolais et Beaujolais Villages David Ratignier juge volontiers « hétérogène, au terme d’une année compliquée dans les vignes».
En effet, le propriétaire du château du Bluizard, à Saint-Étienne-la-Varenne, rappelle la combinaison des facteurs de froid, pluviométrie record et pression cryptogamique qui a rendu la tâche des vignerons si difficile cette année, bien que de manière inégale au sein même des différents secteurs. « Les vignes n’ont pas aimé le temps froid de début de printemps, parfois à la limite du gélif, alors que nous avions une sortie moyenne, surtout sur vignes âgées ou en coteaux de la zone villages. Le temps pluvieux a ensuite embêté la floraison. Derrière cette humidité, il n’a commencé à faire bien chaud que fin juin-début juillet, contribuant à une pression mildiou forte plus tard dans la saison. Les lessivages récurrents et la pousse ont encore favorisé le mildiou », retrace-t-il. Il voit dans cette association de facteurs la cause d’une probable baisse de 20 à 25% des volumes produits en 2024.


Plus de 300 mm de pluies sont tombées au premier semestre dans le Beaujolais, « avec des pluies tous les trois jours jusqu’à mi-juillet, qui n’autorisaient aucun ratage sur les traitements, jusqu’à 15 dans la saison pour les bios ! », affine Yoan Pitoiset, qui avait pourtant apprécié un débourrement assez précoce avec du soleil en février et mars. « Puis le soleil a disparu et contrairement aux années solaires précédentes, nous retrouvons une typicité de climat plus septentrionale avec le plus faible ensoleillement des 20 dernières années », reprend le consultant de l’ICV. Le régime des pluies a perturbé et fait trainer une floraison qui contribue à l’hétérogénéité observée dans les parcelles « avec un effet probable sur une véraison qui tarde à se finaliser, alors que les vignes poussent encore avec l’eau disponible et les bonnes chaleurs d’août », valide Jean-Yves Cahurel, de la Sicarex/IFV du Beaujolais.
« Chaque année, il y a toujours une petite semaine plus calme où l’on peut respirer un peu. Là, il a fallu ne jamais relâcher la vigilance avec des difficultés pour mener tout de front pendant l’été : rognage car les vignes poussent encore, et protection intense contre le mildiou. Le travail du sol s’en est aussi ressenti », ajoute David Ratignier. Qui rappelle que « 400 ha de vignes ont été grêlées dans la partie villages au nord ». Pourtant, les perspectives qualitatives s’annoncent sous de bons auspices au regard d’une météo moins capricieuse au mois d’août. « Nous voyons arriver 15 jours de beau temps pour bien laisser mûrir les raisins et pour l’instant, il n’y a pas de foyers de pourriture Botrytis », apprécie David Ratignier. « Les maturités progressent favorablement à la faveur de nuits fraîches et de journées ensoleillées. Le potentiel acide semble un peu faible par rapport aux millésimes de référence, ce qui sera à confirmer par la suite et le niveau de couleur est encore moyen. Mais là encore, l’hétérogénéité est importante entre zones précoces et tardives, dans le sud et les hauteurs », synthétise Jean-Yves Cahurel.
Il y voit un contexte propice à « des équilibres atteints sur des degrés moins importants que d’autres années », ce que confirme Yoan Pitoiset. « Les maturités phénoliques pourraient être atteintes sur de meilleurs équilibres, plus septentrionaux, mais compte tenu de l’année difficile qui est passée, ce sera fonction des conditions météo qui permettront d’attendre ou pas », pose le consultant de l’ICV.