’est un compte-goutte qui pourrait faire déborder la base : les annonces perlées de l’exécutif ne semblent pas prendre en compte l’ampleur de la crise viticole qui atteint cette fin d’année de nouveaux stades critiques. En octobre, le plan d’arrachage à 120 millions € était acté et ouvert pour le volet définitif. En novembre ce sont des allégements de charges et des aides à la trésorerie qui tombent. Les prochaines semaines permettront de voir ce que le budget 2025 retient pour la filière comme exonérations et soutien aux transmissions… Mais qu’en est-il des demandes de nouveau fonds d’urgence viticole ? Comment va avancer l'utilisation des 40 millions € non-utilisés pour l'arrachage définitif, alors que s'expriment des besoins pour les jeunes installés et pour la restructuration des caves coopératives (n'ayant pas eu de suite pour leur décalage comptable des amortissements) ? Quid du calendrier de révision d'Egalim alors que le prix rémunérateur est l’enjeu clé de la pérennité du vignoble, mais aussi du négoce et de la distribution ? Alors que la filière vin a présenté son plan de filière dès l’arrivée de la nouvelle ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, quelqu’un a-t-il vu sa reprise en plan Marshall de sauvetage d’un secteur en perdition ?
Il suffit pourtant de tendre l’oreille dans le vignoble pour entendre un jeune ayant dû vendre du matériel pour payer ses fournisseurs ou un ancien ayant reçu un coup de pouce familial pour acheter ses phytos. On pourrait croire que la stratégie gouvernementale revient à ne pas abattre toutes ses cartes de soutien pour être en capacité de communiquer selon l’évolution des manifestations qui se relancent. Le climat de campagne d’élection pour les chambres d’agriculture pouvant nourrir une course à l’échalote entre syndicats portant le ressentiment d’une base vigneronne à bout de souffle, on peut comprendre la stratégie politique d’en garder sous le pied : de ne pas griller toutes ses marges de manœuvre budgétaire en cas de long conflit. Mais les besoins d’aide dans le vignoble ont actuellement l’urgence du désespoir. La détresse de celui qui n’a plus de quoi se nourrir, qui voit sa famille se déliter, qui ne sait plus quoi faire… Attention à ne pas laisser se dégrader des situations déjà intenables. Nul n’a envie de boire le calice jusqu’hallali.