’est une manne que la filière vin ne veut pas voir s’évaporer. Avec 27 461 hectares ayant demandé l’arrachage définitif à 4 000 €/ha, l’enveloppe des 120 millions d’euros de fonds nationaux notifiés à la Commission Européenne ne vont pas être consommés en intégralité. Mais plus que 10 millions € de rab, ce sont 40 millions € que la filière vin estime lui être dus, vis-à-vis des 150 millions € promis par le précédent ministre à l’Agriculture, Marc Fesneau. Président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, Jérôme Despey « demande à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, de préserver pour la filière les fonds de 40 millions € qui ne seront pas utilisés. Ces fonds pourraient aider ceux qui sont le plus en difficulté et les caves coopératives qui ont besoin d’être restructurées et accompagnées. L’engagement doit être tenu. »
Lors de son audition, ce mercredi 6 novembre devant la commission des affaires économiques du Sénat, Annie Genevard avançait que « si la somme de 120 millions d'euros n'était pas consommée en totalité sur l'arrachage, je ne verrais a priori pas d'obstacle à en convertir une partie sur des instruments structurels, mais je ne peux pas trop m'avancer à ce stade. En outre, j'ai pris le parti que ce soit à la profession de dire quelles orientations elle souhaite. » Un accord de principe, mais sur la notification des 120 millions, pas la promesse des 150 millions. Interpelée à cette occasion sur l’aide à la restructuration des caves coopératives, la ministre reconnaissait une demande « sans doute légitime » en pointant que « dans la viticulture, les coopératives sont en grande souffrance. La décapitalisation engendrera moins de vin, donc répartira la charge de la coopérative sur moins d'exploitants. Cela rend nécessaire une réflexion stratégique sur le regroupement des coopératives. »
Appuyant la demande de soutien structurel avec ces fonds, Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants « souhaite que le montant des 40 millions € non-utilisés pour l’arrachage définitif soient conservés au bénéfice de la filière viticole. Ils pourraient bénéficier aux jeunes agriculteurs et nouveaux installés dans les départements où le climat est venu fragiliser leur activité ces dernières années par l’excès ou le manque d’eau. Le trop plein du bassin atlantique et la sécheresse du Midi » explique le vigneron de Fitou (Aude). Si la crise viticole frappe toute la filière, les derniers arrivés cumulent l’endettement de l’installation et le manque de trésorerie des premières années (surtout en cas de petites récoltes successives).


« Ils sont d’autant plus exposés qu’ils ont moins la capacité de faire face. Alors que c’est la génération qui permettra de continuer à faire performer le secteur » ajoute Jean-Marie Fabre. Si l’arbitrage ne semble pas acquis en cette période de disette budgétaire, le président des Vignerons Indépendants est formel : « les 40 millions € qui ne seront pas utilisés pour l’arrachage définitif ont été mis sur la table et tranchés par le ministère de l’Agriculture, Bercy et Matignon. Ce sont des fonds existants. On a l’opportunité de donner un signal pour conforter les jeunes installés, en cave coopérative ou particulière. Plutôt que de saupoudrer, il faut flécher vers les plus fragiles. »