i les consommateurs déclarent s’intéresser aux boissons désalcoolisées pour des raisons de santé, en réduisant leur consommation d’alcool et de calories, les vins sans alcool pourraient-ils également offrir les effets positifs d’autres composés, notamment les polyphénols ? « Il est indéniable que la consommation modérée de vin pendant le repas a un effet positif sur la santé, notamment les maladies cardiovasculaires, mais aussi le diabète de type 2 » pose Chiara di Lorenzo, professeur associée au département des sciences pharmacologiques et biomoléculaires de l’Université de Milan, ce 14 octobre à Dijon lors du congrès de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV).
Se basant sur une étude bibliographique de 27 publications portant sur les effets des techniques de désalcoolisation sur les profils phénoliques des vins, Chiara di Lorenzo pointe que la distillation sous vide et la nanofiltration semblent avoir des impacts mineurs sur les teneurs en anthocyanes et flavonoïdes (les chercheurs s’étant focalisés sur les vins rouges désalcoolisés). Pour l’osmose inverse, les résultats sont contradictoires pour les polyphénols, indiquant selon les cas un faible effet ou une forte diminution (jusqu’à 50 %), ce qui pourrait indiquer que les conditions de traitement physique et la matrice de vin utilisé jouent beaucoup sur le résultat.


Avec seulement 5 papiers étudiant les effets sur la santé des vins désalcoolisés, Chiara di Lorenzo prévient que les études sont actuellement insuffisantes en nombre pour tirer des conclusions. Mais ces premières recherches « suggèrent des pistes de réflexion. Globalement, il n’y aurait pas de grosse différence entre les effets des vins alcoolisés et sans alcool (en termes de vasodilatation et d'effet antioxydant). Ce qui confirme que les polyphénols peuvent avoir un effet bénéfique seuls, même sans alcool. L’effet cardiovasculaire protecteur n’est pas seulement dû à l’éthanol. Il faut plus de données. » Un besoin d’explorer un nouveau champ de recherche que confirme le professeur Pierre-Louis Tesseidre de l’Université de Bordeaux : « les résultats laissent espérer des effets identiques pour le sans alcool par rapport au vin. C’est un champ d’études neuf. » D'autres études sont nécessaires pour valider ces pistes, et améliorer les techniques de désalcoolisation pour préserve les caractéristiques des vins. Y compris avec les techniques préfermentaires (réduction des sucres dans les moûts par dilution ou filtration, limitation de la production d'alcool par la réduction de biomasse levurienne ou souches non-Saccharomyces), qui sont actuellement interdites par l'Union Européenne, soulève Chiara di Lorenzo.